Hérault Montpellier DATE: 04/03/2020
Montpellier
Population 285 121 habitants. Ville centre de la métropole de Montpellier. Maire sortant Philippe Saurel sans étiquette centre gauche
Candidats
Philippe Saurel SE Centre gauche – Mohed Altrad Divers Droite – Michaël Delafosse PS, PC – Rémi Gaillard SE – Clothilde Ollier Autre Ecologie, Confluence, PRG, Les Insoumis de Montpellier – Coralie Mantion Autre Ecologie, Génération Ecologie, Parti animaliste – Alenka Doulain SE Citoyen, LFI – Alex Larue, LR, UDI – Olaf Rokvam Extrême droite, Patrick Vignal LREM, Le Modem, Jean-Louis Roumegas Autre Ecologie, Maurice Chaynes LO – Kamy Nazarian SE.
Réponse de Clothilde Ollier
RASSEMBLEMENT DES ECOLOGISTES ET DE LA GAUCHE (Autre Ecologie, Divers gauche)
Dans un contexte de baisse des dotations de l’État, comment concevez-vous la politique municipale ?
Le contexte est marqué par une triple urgence : sociale, écologique et démocratique. L’échelle municipale est l’une des échelles les plus pertinentes pour amorcer des réponses à l’urgence climatique comme l’a confirmé le GIEC dans son dernier rapport. Cela nécessitera des investissements, notamment sur la mobilité (piétons, vélo…) mais aussi dans les logements sociaux (lutte contre la précarité énergétique, ouverture de logements sociaux…). C’est également à l’échelle de la Commune que l’on peut construire une démocratie face à face, radicaliser la démocratie, proposer des pistes pour articuler démocratie représentative, démocratie participative et démocratie directe.
Sur l’urgence sociale, Montpellier est très touché. Une véritable politique du logement social, transparente, écologique, la défense et le développement des services publics (eau, énergie, petit enfance, mobilité…), l’extension de la sphère de la gratuité (premiers m³ d’eau, premiers kWh…), la tarification sociale en commençant par la gratuité pour les populations les plus fragiles (cantine, transport public…), la création d’épiceries municipales solidaires… doivent permettre d’aller vers plus de justice sociale mais bien évidemment tout ceci reste insuffisant dans un contexte de recul social, d’attaques des conquis sociaux (retraite, droits du travail, protection sociale…) et de politique d’austérité.
Il faudra donc aussi mener un bataille politique à l’échelle nationale pour s’opposer à la baisse des dotations de l’État, aux politiques austéritaires que veulent nous imposer le gouvernement Macron et l’Europe libérale. Cela passe par un travail commun avec d’autres villes, avec d’autres collectivités mais aussi avec les forces syndicales, avec la population. C’est collectivement que nous devons lutter contre ce carcan budgétaire et imposer une autre redistribution des richesses afin de répondre aux enjeux écologiques, aux besoins sociaux de la population.
Quelles sont les marges de manœuvre des élu-e.s ?
Une municipalité doit s’appuyer sur sa population, ses habitants pour défendre, développer les politiques municipales, les services publics, agir sur les questions écologiques, sociales et démocratiques. C’est en prenant appui sur la population que l’on pourra répondre aux besoins sociaux et lutter contre le carcan austéritaire qu’impose le gouvernement, l’État, avec notamment la baisse des dotations. Le développement des services publics, leur municipalisation (déchets, assainissement…) ou la création de nouveaux services publics (Régie publique de l’énergie) peut permettre également de dégager quelques marges de manoeuvre sur le plan écologique (développement des énergies renouvelables…) mais aussi sur le plan social (premier kWh gratuit…).
L’émergence des métropoles vous apparaît-elle une force ou une faiblesse pour la ville ? (en quoi ?)
L’émergence des métropoles participe à la concentration du pouvoir dans quelques centres, déséquilibrant les territoires, et accélère la mise en concurrence entre ces différents territoires.
Est-ce une avancée pour vous ?
Une fois de plus , ces métropolisations éloignent les décisions des citoyen.ne.s, éloignent les citoyen.ne.s du pouvoir et cela rend de ce fait très difficile le débat démocratique sur des questions pourtant fondamentales (mobilité, déchets, aménagement…).
Cela comporte-il des dangers ? Si oui lesquels ?
Ces grosses structurent éloignent les citoyen.ne.s des lieux où se prennent les décisions. Alors qu’un grand nombre de sujets dépendent de la Métropole, lors des élections municipales, hormis dans la ville principale comme Montpellier, les débats sur les politiques à mener sur ces sujets sont trop escamotés. Pas de débats transversaux entre les différents villages, villes de la métropole sur ces sujets. Pas de débats publics où les listes de ces différentes communes pourraient s’exprimer et faire des propositions. Le débat est d’une certaine façon confisqué par la commune centre. C’est un sérieux problème démocratique.
Comment désignez-vous au sein de votre liste les représentants communautaires où métropolitains ?
Nous avons désigné nos représentants métropolitains par consensus dans la liste entre les différents partenaires, les différents mouvements politiques soutenant la liste, les différents colistiers et les différent.e.s militant.e.s impliqué.e.s dans la campagne.
Votre tête de liste est-elle un homme ou une femme ?
Une femme
Quels sont vos projets en matière d’égalité hommes/femmes ?
Il reste tant à faire. À Montpellier, nous savons être fières et nous devons être debout face aux comportements rétrogrades et violents d’une partie de la société. La liste que je conduis porte un espoir de changement pour Montpellier. Un espoir de progrès, où la Mairie, les élus, se battront quotidiennement pour faire reculer la haine et la violence qui surgissent trop souvent aujourd’hui. Un espoir de progrès pour une ville où la liberté d’être qui l’on souhaite sera protégée, où l’égalité entre toutes et tous quel que soit son parcours, son genre, sa sexualité, son origine sera garantie. Une ville, enfin, où la solidarité, la prévention, la bienveillance, le dialogue doit l’emporter sur toutes formes d’individualisme, de rejet, de soumission, et de violence.
Pour faire de Montpellier une ville qui protège et qui est à l’avant-garde de l’égalité femmes-hommes, nous souhaitons :
– Réaliser un plan de lutte contre le sexisme et créer un observatoire communal des discriminations.
– Soutenir financièrement et matériellement les associations œuvrant pour l’égalité femme – homme et luttant contre les violences faites aux femmes.
– Généraliser le dépôt de plainte directement aux urgences de Montpellier pour les femmes victimes de violences.
– Amélioration de la prise en charge avec l’ouverture et l’adaptation des lieux d’accueil (jours et nuits) et mise à disposition de logements d’urgence pour les femmes victimes de violences.
– Former l’ensemble des élus et du personnel municipal, y compris la police municipale, aux enjeux liés à l’égalité femme-homme et à la détection des violences et du harcèlement.
– Assurer la promotion des femmes à des postes de direction dans l’administration municipale et métropolitaine.
– Créer une délégation municipale exclusivement dédiée à l’égalité femme/homme et à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Instaurer la parité dans les commissions municipales.
– Plan territorial d’éducation et de sensibilisation de la jeunesse (actions en maternelle et primaire avec formation du personnel en lien avec le système scolaire par le biais des associations mais aussi formation des élu.e.s).
– Réglementer l’affichage commercial afin d’interdire les messages sexistes.
Votre commune dispose-t-elle d’un lieu d’accueil pour les femmes victimes de violence conjugale ?
Oui
Si non, envisagez-vous d’en créer un ?
Ces lieux d’accueil ne sont pas suffisants. Nous souhaitons améliorer la prise en charge avec l’ouverture et l’adaptation des lieux d’accueil (jours et nuits) et mise à disposition de logements d’urgence pour les femmes victimes de violences.
Comment jugez-vous l’état des transports dans votre ville y compris dans les dessertes inter-urbaines ?
En ce qui concerne les transports en commun :
Les transports en commun au niveau des communes de la Métropole sont évidemment à développer (nombre, fréquence…). Pour Montpellier la ligne 5 doit être faite de toute urgence.
Pour les mobilités actives : nous proposons un plan de 100 millions € pour le vélo et 50 millions € pour les piétons sur les 6 ans de la mandature, afin de développer notamment les pistes cyclables, sécuriser les trajets domicile-école, sécuriser et rendre accessible à tous les trottoirs et les rues…
Quels sont vos projets dans ce domaine ? (modes de déplacements doux, pistes cyclables, développement des transports en commun…)
À Montpellier, les graves retards en matière de mobilité alternative à la voiture justifient un plan global d’urgence pour la durée du mandat portant sur :
– le développement du réseau de transports en commun là où il est indigent, c’est-à-dire à peu près l’ensemble des communes de la métropole, hors Montpellier et celles desservies par le tram : la desserte y est 2 fois plus faible par habitant qu’à Grenoble ou Strasbourg (coût évalué entre 10 et 15 M€ de plus par an une fois les recettes déduites).
– un plan d’urgence pour le vélo dramatiquement sous-utilisé à Montpellier : budget de 100 M€ au moins sur la durée du mandat au lieu de presque 0 aujourd’hui ;
– un plan pour le développement de l’usage de la marche dans les déplacements quotidiens : environ 50 M€ d’investissement sur la durée du mandat en plus des autres dépenses de voirie, pour commencer à avoir une “marchabilité“ comparable là aussi à Grenoble ou Strasbourg ;
– un développement de la gratuité par étapes : d’abord en direction des jeunes, des étudiants et familles aux revenus les plus modestes.
Au-delà des mesures nouvelles ci-dessus ne figurant pas déjà dans le budget de la Métropole, il faut rajouter :
– La réalisation rapide de la ligne 5 de tramway : 2 ans pour la fin des travaux au lieu des 5 prévus,
– Un service bus au niveau de celui du tram : en soirée et en week-end (coût de 2 à 3 M€ par an),
– Arrêt total de l’achat de bus thermiques, au profit de bus électriques (de préférence avec pile à hydrogène plutôt qu’à batterie), soit 2 à 4 M€ de dépenses supplémentaires par an.
Ville à 30km/heure : Ces mesures prendront tout leur sens dans le cadre d’une ville aux circulations apaisées où le 30 km/h sera la règle et où le 50 km/h sera strictement réservé aux axes de transit entre les quartiers et les communes à l’image de la métropole de Grenoble.
Quels sont vos projets en matière d’économie d’énergie, d’économie circulaire, de recyclage, de production et de consommation locale ?
De façon non exhaustive, 3 mesures sur ces questions :
– Création d’une régie publique de l’énergie de production et de distribution d’énergie électrique et thermique à partir d’énergie renouvelable.
– Se fixer l’objectif « zéro déchet » : lutter contre le gaspillage, augmenter les collectes de déchets, développer les ressourceries, faciliter le tri sélectif et le compostage.
– Arrêt du projet « ode à la mer » qui détruirait encore davantage de l’emploi dans le centre-ville de Montpellier et mettrait à mal l’économie locale de notre commune.
Allez-vous mettre en œuvre un plan de rénovation de bâtiments qui permettrait de réduire la consommation d’énergie et la facture des habitants ?
Nous engagerons un plan de rénovation thermique des bâtiments pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et faire baisser le coût de la facture énergétique pour les habitants.
Envisagez-vous des référendums d’initiative locale ou citoyenne dans votre commune ?
Oui
Êtes-vous favorable à des budgets participatifs sous le contrôle des citoyens ?
Oui
Pensez-vous associer les citoyens à vos prises de décisions ?
Bien évidemment, il s’agit d’un élément fort de l’ADN de notre liste.
Plusieurs propositions dans ce sens :
– créer une assemblée citoyenne tirée au sort de 65 citoyens équivalent au nombre d’élus municipaux qui pourra examiner et valider le budget chaque année ainsi que les grands projets publics.
– instituer une « Assemblée des Écoles » où siègent des représentants des parents d’élèves, de l’équipe enseignante et des personnels municipaux de chaque école qui participera notamment à l’élaboration de la politique municipale de l’école publique.
– un droit de pétition avec possibilité d’inscrire un point à l’ordre du jour du conseil municipal si 5% des électeurs le demandent.
– un Référendum d’Initiative Citoyenne Municipale : possibilité d’organiser un référendum municipal si 10% des électeurs le demandent.
– renforcer la démocratie locale en s’appuyant sur la réalité géographique et sociale des quartiers, ainsi que sur les comités de quartier et les associations. Passer de 7 à 28 quartiers.
– instaurer un budget participatif de 200.000 euros annuels par quartier, soit 6 millions du budget total d’investissement total de la municipalité.
Quel est l’état actuel du logement dans votre commune ?
Trop d’habitant.e.s de Montpellier sont en attente d’un logement décent et/ou d’un logement social alors qu’entre 12.000 et 14.000 logements sont inoccupés dans notre ville. Cela ne peut plus durer. La question du logement est un axe fort de notre projet municipal.
Envisagez-vous la construction de logements sociaux ?
La répartition des logements sociaux n’est pas uniforme sur l’ensemble de la commune, nous voulons, pour lutter contre la ghettoïsation de certains quartiers de Montpellier, arriver à une répartition plus homogène des logements sociaux et notamment des grands logements permettant d’accueillir des familles avec plusieurs enfants. Nous sommes pour qu’il n’y ait plus de logements inoccupés à Montpellier. Nous appliquerons les pouvoirs de réquisition des logements et biens vacants pouvant servir de lieux d’habitation appartenant aux institutions publiques et aux grandes entreprises. Nous prendrons des arrêts anti-expulsion sans relogement. Nous construirons des logements sociaux afin de répondre à la demande.
Pensez-vous avoir affaire à des problèmes de sécurité ?
Le désengagement de l’État, la diminution du nombre de fonctionnaires et l’abandon des services publics a également des conséquences sur les questions de sécurité dans nos villes.
Nous pensons que la police municipale doit avoir un rôle de prévention sur le terrain. Nous sommes pour ré-ouvrir des commissariats municipaux de quartiers pour assurer la proximité entre les policiers municipaux et les habitants, remettre en place l’îlotage.
Quel regard portez-vous sur les mouvements sociaux actuels ? ( gilets jaunes, syndicats, société civile, collectifs et associations)
Notre liste est le fruit de la confluence entre des forces collectives politiques et des forces individuelles provenant notamment des différents mouvements sociaux que vous citez : syndicats, marche climat, gilets jaunes.
Il est important d’être en lien avec les mouvements sociaux, écologistes, citoyens pour répondre aux enjeux sociaux, écologiques et démocratiques mais aussi avec tous les mouvements qui expérimentent des alternatives.
Comptez-vous travailler sur la mixité dans les quartiers dits « populaires » ?
La mixité sociale et culturelle des quartiers populaires, des écoles est pour nous une priorité. L’école publique est la seule chance pour toutes celles et tous ceux qui n’en ont aucune. Pas d’école publique sans mixité, il faut donc travailler sur ces questions en lien avec les différents acteurs et sans négliger aucune dimension du problème (chômage, urbanisme, développement des services publics…).
Quelles sont vos priorités et vos grands axes en matière économique ?
Dans le classement de Shanghai, l’université de Montpellier est première en écologie. Montpellier, sur le plan économique, doit également devenir la capitale de l’économie verte. Vers Marseille c’est la pétrochimie, à Toulouse c’est l’aviation, à Montpellier ce sera l’écologie.
Quelle place y prend l’ESS ? (Économie Sociale & Solidaire)
La commune de Montpellier doit développer et s’appuyer sur l’Économie Sociale et Solidaire qui doit pouvoir permettre d’envisager de toutes autres manières notre rapport au travail. C’est là aussi un axe à développer pour relocaliser les emplois, répondre aux besoins sociaux, aux nécessités écologiques. Notre projet municipal fait une place importante aux coopératives qui peuvent être des outils pour développer l’emploi localement, répondre aux urgences écologiques mais aussi favoriser l’engagement citoyen dont nous avons besoin.