La magistrate et présidente du Conseil d’État, Ekaterini Sakellaropoulou est la première femme présidente élue de en Grèce, le 22 janvier 2020, dès le premier tour du scrutin par 261 députés sur 300.
Le poste est protocolaire mais hautement symbolique dans un pays encore très marqué par la discrimination contre les femmes. La candidature de Sakellaropoulou fut une proposition du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de la Nouvelle Démocratie mais elle a également réussi à obtenir le soutien du principal parti d’opposition Syriza et du Kinal (ex Parti Socialiste).
La décision du premier ministre de choisir Sakellaropoulou a été largement considérée comme une mesure pour contrer les critiques croissantes concernant le manque de femmes dans son cabinet. Cependant, Sakellaropoulou a été perçue par une grande partie de la sphère politique comme un choix consensuel. La dirigeante de 63 ans prendra donc ses nouvelles fonctions le 13 mars, date de fin de mandat de son prédécesseur, le conservateur Prokopis Pavlopoulos.
Ayant été informée de son succès, la future chef de l’État a déclaré :
« J’imagine une société qui respecte les droits, la constitution, la Charte européenne des droits fondamentaux et la Convention européenne des droits de l’homme ».
Diplômée de droit constitutionnel et de droit de l’environnement à Athènes et à Paris, Sakellaropoulou est connue comme une défenseure de l’environnement, des droits des réfugiés, des minorités et des libertés civiles.
Plus précisément, Sakellaropoulou avait soutenu le gouvernement de Syriza qui autorisait les enfants nés en Grèce de parents d’origine étrangère, ayant terminé la majeure partie de leur scolarité dans le pays, à bénéficier de la nationalité grecque. En effet, en 2018, en tant que présidente du Conseil d’État, elle a rejeté les plaintes des associations de parents concernant l’intégration des enfants réfugiés dans le système scolaire grec. À l’époque, Sakellaropoulou avait promu la décision du Conseil d’État qui considérait que l’intégration des réfugiés dans les écoles était « légale et nécessaire ». On ne sait pas quelle sera la position de la nouvelle présidente concernant la question des réfugiés car elle a un pouvoir limité selon la constitution grecque.
De la part du gouvernement grec, son porte-parole Stelios Petsas a souligné récemment qu’il n’y aura pas de changement de politique. Le gouvernement grec a mis en place, il y six mois, une politique basée sur quatre axes : renforcement de la protection des frontières grecques et européennes, accélération des procédures d’asile, augmentation des rendements et construction de centres fermés.
En même temps, des manifestants demandent au gouvernement de transférer les immigrants des centres d’accueil surpeuplés vers l’intérieur du pays, car de nombreux camps accueillent dix fois plus de migrants que prévu.
Certains ont également critiqué la nouvelle présidente grecque parce qu’elle soutenait particulièrement les intérêts des industriels dans une Grèce frappée par dix ans de crise économique. Sakellaropoulou était en charge du projet très controversé de la compagnie canadienne productrice d’or, Eldorado Gold, dans la mine aurifère à Skouries (Halkidiki région), bloqué depuis des années.
Sakellaropoulou avait proposé que l’ancien ministre des Finances Yorgos Papakonstantinou soit déclaré innocent. Il était accusé d’avoir retiré les noms de trois de ses proches de la « Liste Lagarde« . En conséquence, Papakonstantinou a été condamné à un an de prison avec une peine de trois ans. La soi-disant « Liste Lagarde » contient plus de 2 000 riches titulaires de comptes grecs dans la succursale bancaire suisse HSBC. La liste a été remise aux autorités grecques par Christine Lagarde en 2010. Le scandale entourant cette liste figure parmi les plus importants en Grèce ces dernières années car les noms des proches des politiciens du pays ont été effacés.
En juillet dernier, Sakellaropoulou avait aussi soutenu la suppression des primes de fin d’année pour les fonctionnaires. Cette baisse des salaires a provoqué des protestations massives en Grèce.
Eve Tsirigotaki