Dans l’étude d’impact sur sa réforme des retraites dévoilée le 24 janvier, le gouvernement a calculé les pensions des futures générations sur la base d’un âge d’équilibre qui n’aura plus cours d’ici là. Certains y voient une manœuvre délibérée pour faire croire que la réforme est avantageuse.
Vendredi 24 janvier, le gouvernement a enfin dévoilé les 1029 pages de son étude d’impact de la réforme des retraites. Des « projections financières » censées éclairer les députés sur les conséquences concrètes de la réforme, immédiatement qualifiées de « lacunaires » par le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française. Sur Twitter, on reproche pire à ses auteurs: le gouvernement est accusé d’avoir biaisé ses simulations pour faire paraître la réforme plus avantageuse.
L’accusation, fortement relayée, est notamment portée par Michael Zemmour, professeur assistant en économie à la Sorbonne et Science Po, et par le Collectif Nos retraites, qui se décrit comme un comité citoyen qui décrypte les infos sur la réforme des retraites.
Le collectif Nos Retraites, qui s’est penché sur l’étude d’impact, accuse le gouvernement d’avoir volontairement trafiqué ses calculs concernant les cas-type, « pour faire croire que son projet serait avantageux ».
En effet, dans l’étude d’impact, le gouvernement dévoile des dizaines de cas-type, ces simulations effectuées sur des cas particuliers en fonction de leur année de naissance, de leur travail etc. Problème: les futures pensions de toutes les générations sont calculées à partir de l’âge d’équilibre de ceux nés en 75. C’est-à-dire 65 ans. Alors que la réforme prévoit justement que l’âge à atteindre pour ne pas subir de malus augmente progressivement, d’un mois par génération, jusqu’à atteindre 67 ans pour ceux nés à partir de 1999.
MAIS pour ses cas-types, le gouvernement opère un trucage : il applique un faux âge d’équilibre (65 ans) à tous les profils, nés en 1980, 1990 ou… 2003.
❌En faisant ça, il truque littéralement la comparaison avec le système actuel, en augmentant artificiellement ses chiffres. pic.twitter.com/HrnYiIKGNs
— Collectif Nos retraites (@nosretraites) January 24, 2020
Des résultats bien différents
« En faisant ça, (le gouvernement) truque littéralement la comparaison avec le système actuel, en augmentant artificiellement ses chiffres », accuse le Collectif nos retraites. Ce dernier a refait les calculs sur 28 cas-types proposés par le gouvernement, cette fois en appliquant le vrai âge d’équilibre à chaque génération. Résultat: beaucoup moins de personnes s’en sortent gagnantes après la réforme que dans les calculs du gouvernement. Illustration avec la génération 1990: « le gouvernement affichait 21 gagnants sur 28 à 64 ans ». Après correction de l’âge d’équilibre, il ne reste que 10 gagnants sur 28.
De nombreuses critiques portent aussi ce samedi sur les simulations très optimistes et les scénarios fantaisistes retenus par le gouvernement pour son étude d’impact. Par exemple, pour tous ses cas-type, le gouvernement a considéré que les individus entraient sur le marché du travail à 22 ans. Ce qui fait dire à l’universitaire Michael Zemmour qu’ils « ont calé tout le monde sur la moyenne nationale, ce qui est n’importe quoi ».