En Croatie, le candidat de social démocrate Zoran Milanovic a remporté la présidentielle face à la présidente conservatrice sortante, Kolinda Grabar-Kitarovic. Cette victoire de la gauche ne présage pas pour autant d’un changement de premier ministre lors des élections législatives prévues pour l’automne. Le nouveau Président croate entend défendre la place de son pays en Europe. La Croatie a pris la présidence tournante de l’UE le 1er janvier.
M. Milanovic, 53 ans, est un homme de centre gauche (SDP*) qui a dirigé le gouvernement croate entre 2011 et 2016. A cette époque, il avait dû gérer la récession économique qui a durement frappé le pays au moment de la crise de la zone euro, puis le passage de centaine de milliers de réfugiés par le territoire en 2015.
Dans une campagne qui a largement été dominée par les débats mémoriels, M. Milanovic a vanté une « Croatie normale » et proeuropéenne, face à une présidente sortante qui a voulu s’accaparer l’héritage nationaliste dans ce pays membre de l’Union européenne depuis 2013. « Mme Grabar-Kitarovic a fait campagne sur les thèmes nationalistes, oubliant que la Croatie actuelle est surtout menacée par l’exode massif de sa population, le déclin démographique et les divergences de développement entre la côte méditerranéenne qui profite à fond de l’explosion du tourisme et le reste du pays. » analyse le quotidien Suisse Le Temps.
En Croatie, les fonctions de chef de l’Etat sont largement honorifiques. Mais la défaite de la présidente sortante va singulièrement compliquer la tâche du HDZ (1) et du premier ministre modéré Andrej Plenkovic aux législatives prévues pour l’automne. Cette victoire de la gauche ne présage pas pour autant d’un changement de premier ministre lors des élections législatives. Depuis 2000, les Croates ont l’habitude de désigner un président opposé politiquement au chef du gouvernement. Premier ministre depuis 2016, M. Plenkovic est membre de l’aile modérée du HDZ, qui compte une branche aux relents plus nationalistes, qui lui a envoyé plusieurs avertissements ces derniers mois. La défaite de Mme Grabar-Kitarovic fragilise toutefois ceux qui prônent un rapprochement avec l’extrême droite.
Zoran Milanovic n’a eut de cesse quant à lui de rappeler que «la guerre était finie» et qu’il était temps pour la Croatie de «lutter pour sa place en Europe». Le social-démocrate a répété en votant que le scrutin «n’était pas une bataille contre quelqu’un mais une tentative pour devenir un pays normal, honnête».
« La ligne de plus de mille kilomètres sépare la Croatie, le 28e Etat membre de l’UE (entré en 2013), de ses voisins de Bosnie-Herzégovine, de Serbie et du Monténégro est devenue un enjeu majeur dans le processus d’intégration européenne de l’ex-République yougoslave, candidate à l’entrée dans l’espace de libre circulation Schengen depuis 2015 et qui a pris la présidence tournante de l’UE le 1er janvier. » rappelle Le Monde.
Quatre sujets principaux sont à l’ordre du jour : les relations entre l’UE et Londres après le Brexit, le désir d’adhésion de pays des Balkans occidentaux, le changement climatique et le prochain budget pluriannuel de l’UE.
* SDP. Le Parti social-démocrate de Croatie est le principal parti social-démocrate de Croatie. Il est membre de l’Internationale socialiste et membre associé du Parti socialiste européen.
(1) En termes d’idéologie, les leaders de la HDZ se sont tout d’abord définis comme un parti de droite et Tuđman se disait inspiré par Margaret Thatcher. Plus tard, le parti se définit comme de centre droit et comme chrétien démocrate.
Voir aussi : Rubrique UE,