Engagés depuis de longues années dans la protection de l’environnement, les Marais du Vigueirat sont logés dans un site naturel protégé de 1 200 hectares à la jonction de deux écosystèmes remarquables, le delta du Rhône et la plaine steppique de la Crau. Ils constituent l’une des propriétés du Conservatoire du littoral en Camargue. Ici, dans cette mosaïque de milieux naturels humides, on recense plus de 2 000 espèces animales et végétales, plus de 300 espèces d’oiseaux dont toutes les espèces de hérons d’Europe et jusqu’à 35 000 canards en hiver. Le tout agrémenté de cinq élevages de taureaux et chevaux de race de Camargue pâturant à l’année. Reconnu à l’échelle nationale et internationale, classé notamment comme Réserve Naturelle Nationale, le patrimoine des marais du Vigueirat constitue par conséquent une zone centrale de la Réserve de Biosphère de Camargue.

A corps et à Plantes

Bénédicte Hossenlopp fait partie des nombreux intervenants aux Marais du Vigueirat. Titulaire d’un Diplôme universitaire en Ethnobotanique dispensé par Imderplan, elle est spécialiste des plantes sauvages. Elle explique son travail qui commence avant tout par une longue observation : « Je travaille pour l’association « A corps et à Plantes » dont le but est de sensibiliser les gens aux plantes sauvages. Ces interventions sont destinées à tous types de publics et concernent également les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer avec qui ce travail est salvateur. Les ateliers, stages et formations proposent de renouer avec les plantes sauvages alentours. Parce qu’elles ont poussé sans l’intervention humaine, à l’endroit et dans l’écosystème qu’elles ont choisi, elles regorgent d’énergie ».

Une observation à travers champs où de la Mauve à la Galinette aux Salsifis, à la Capucine, Coquelicot, Roquette, Pissenlit, Saint-joseph ou encore Pimprenelle, chaque feuille, chaque fleur est passée au crible avant d’être soigneusement récoltée pour atterrir dans une salade ou en concoction pour la peau. « Aux Marais du Vigueirat, j’ai animé un atelier sur les salades. Il faut savoir que leur caractéristique est de les cueillir à l’état de feuilles et non de fleurs ».

S’il semble de plus en plus difficile de trouver des endroits moins pollués par les pesticides environnants, des règles incontournables s’imposent après identification : « Cueillir est un savoir. C’est compliqué. Il faut savoir préserver la plante, la respecter, puis nettoyer ses cueillettes ».

Trouver les alicaments nécessaires dans ces herbes sauvages souvent piétinées, apprendre à leur parler avant d’emprunter parcimonieusement quelques feuilles… La spécialiste évoque une reconversion au large spectre, de la tisane à la macération, à la crème au gel, etc. « Mon message est d’encourager les gens à se connecter à la nature, aux saisons. Mon travail est de les accompagner vers plus d’autonomie. On doit ramasser ce dont on est sûr et rester toujours dans une relation privilégiée avec la plante », explique Bénédicte Hossenlopp avant de préciser : « Je préfère qu’on parle d’herbes folles au lieu de plantes sauvages ».

De l’extrait de saveur via des préparations simples aux vertus médicinales, à la création de crèmes, dentifrice ou baume à lèvres, teintures végétales, l’alchimie opère au sein de ces ateliers qui reposent avant tout sur le respect de la plante et de la planète.

H.B.

acorpsetplantes.blogspot.com

Marais du Vigueirat, Chemin de l’Etourneau – 13104 Mas-Thibert  www.marais-vigueirat.reserves-naturelles.org/

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».