Economie UE.
Le niveau de compétences trop faible de la population active et les carences du management font partie des spécificités franco-françaises qui expliquent le ralentissement de la productivité dans l’Hexagone indique un rapport de la communauté européenne. Si ce ralentissement trouve des racines communes dans l’ensemble des pays développés, il possède aussi quelques causes bien franco-françaises, souligne le premier rapport du Conseil national de productivité créé à la demande du Conseil de l’Union européenne.
Le niveau de compétences des 25-34 ans est en dessous de la moyenne
Le premier facteur tient au niveau de compétences de la population active, sensiblement inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE, et ce à tous les âges. A la sortie du système de formation initiale, « le niveau de compétences des 25-34 ans est en dessous de la moyenne des pays participant à l’enquête et l’écart de compétence selon l’origine sociale est plus marqué que dans les autres pays, cela malgré la hausse importante du niveau moyen d’études », constate le rapport en s’appuyant sur l’enquête PIAAC menée par l’OCDE. Par la suite, les choses se gâtent encore plus : on constate « une obsolescence rapide des compétences acquises par les Français lors de leur formation initiale », imputable au fait qu’en France les adultes qui auraient le plus besoin d’être formés ont très peu accès au système de formation continue.
Ces défaillances des systèmes français de formation initiale et continue sont désormais bien connues. Elles forment un cocktail détonnant avec d’autres singularités françaises. Qu’il s’agisse de la « structure duale du marché du travail », sur lequel « l’importance des contrats courts est un frein à l’accès à la formation professionnelle pour les salariés les plus précaires ». Ou de l’essor de l’emploi dans les secteurs de service à faible productivité (comme les services à la personne) soutenu à bout de bras par les pouvoirs publics depuis plus de vingt ans à coups de réduction des cotisations sociales employeurs sur les bas salaires. Difficile de ne pas lire en creux dans ces analyses un réquisitoire contre ces politiques de l’emploi menées avec une belle constance depuis les années 1990, qui non seulement n’ont pas permis de réduire drastiquement le chômage, mais ont dégradé les performances de l’économie française.
La mauvaise qualité du management français.
Le deuxième grand facteur spécifique à l’œuvre dans le ralentissement de la productivité est moins connu : la mauvaise qualité du management français. Les enquêtes internationales comme celle menée au niveau européen par Eurofund attribuent aux entreprises un score relativement élevé en matière d’amélioration des procédés existants et des techniques de production. Leurs résultats sont en revanche franchement médiocres sur les aspects humains du management, que ce soit sur le plan de l’autonomie laissée aux salariés, l’organisation du travail ou la qualité de l’encadrement des managers.
Là encore, le constat n’est pas nouveau : en 2007, l’économiste Thomas Philippon avait mis en évidence les conséquences économiques et sociales délétères d’un mode de sélection des dirigeants d’entreprises françaises qui fait la part belle à la reproduction sociale…
Source : Alternatives Economiques 10/05/2019