Montpellier lundi 18 février. Dans un pays en pleine crise démocratique où le pouvoir s’appuie sur la concentration de la propriété des médias, il y a quelque chose de « Quichottesque » à défendre quelqu’un comme Julian Assange.
Pourtant ce soir là, on observe à La Carmagnole, une densité humaine au mètre carré comparable à celle du métro japonais. On se demande pourquoi ..? Invité de la soirée, Juan Branco*, l’avocat français de Julian Assange, est venu rappeler à Montpellier la situation critique du fondateur de Wikileaks retenu à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis juin 2012 où il a trouvé refuge en pleine cavale. « Après six ans d’enfermement dans 20m2, Julian est mis à l’isolement depuis un an, sans communication téléphonique. Il n’a pas accès à l’air libre, sauf les trois ou quatre fois où il est sorti sur son balcon. Il risque aujourd’hui l’arrestation et l’extradition vers les États-Unis » indique son conseiller juridique.
Se débarrasser d’Assange et de l’héritage Correa
le fondateur de WikiLeaks craint le pire. Depuis l’élection de Lenin Moreno en avril 2017, ses relations avec le successeur de Rafael Correa à la présidence se sont dégradées. Officiellement la «protection» accordée à Assange « en raison des risques pour sa vie et son intégrité » reste d’actualité, tout comme la possibilité pour « WikiLeaks de mener ses activités journalistiques », mais le président équatorien semble de plus en plus perméable aux pressions qu’exercent les États-Unis, l’Espagne, et le Royaume-Uni. En ligne de mire, l’activité numérique de l’encombrant protégé de l’ambassade est à l’origine des reproches du pouvoir équatorien qui lui a suspendu l’accès à Internet pendant sept mois. « Il est coupé de la possibilité de voir qui que ce soit hormis ses avocats » souligne Juan Branco. « Je l’ai vu en décembre. Julian ne dispose d’aucune intimité. Il y a des micros partout. Il vit sous l’oeil quasi permanent des caméras thermiques, tout cela pour avoir dit la vérité. C’est-à-dire pour avoir publié des documents qui sont vérifiés qui révèlent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, comme en Irak et en Afghanistan ». Derrière le voile invisible de la bienséance diplomatique, la volonté du nouveau président se dessine nettement. Elle vise à resserrer les liens avec les États-Unis et à se débarrasser de Julian Assange en même temps que de l’héritage de Correa. « Ils savent qu’ils ont une formidable monnaie d’échange » analyse son défenseur français.
Information, justice et raison d’État quelle hiérarchie ?
En février 2016 pourtant, un groupe indépendant de l’ONU rédige un rapport attestant que la détention de julian Assange à l’ambassade ne répondait plus au droit. Selon l’Onu il est désormais détenu arbitrairement. Une victoire symbolique plus que juridique, car si les avis rendus par ce groupe de travail de l’ONU sont généralement suivis par les États, il arrive, notamment de la part de pays autoritaires, que les conclusions ne soient pas prises en compte. Dès la publication de cet avis, Le Royaume-Uni fait clairement savoir aux Nations unies qu’il contesterait formellement l’opinion de ce groupe de travail. Malgré l’abandon des poursuites pour viol, la justice britannique confirme sa position le 6 février 2018, en refusant à Julian Assange la levée du mandat d’arrêt à son encontre. « On ne peut pas mettre sur le même plan l’énormité des informations que je révèle, concernant la mort de 109 000 civils en Irak, avec les accusations triviales portées contre moi » a fait valoir Julian Assange en retour. « C’est là qu’on se rend compte que cet homme est pris dans le jeu entre États, et de l’importance que peut avoir l’appui d’un pays dans une telle situation », commente Juan Branco.
Pourquoi donc La France n’a pas donnée suite aux demandes d’asile politique du journaliste ?
Le récit gagne l’attention du public de La Carmagnole suspendu au témoignage de Juan Branco. Il faut bien l’avouer, en dépit de la gravité du sujet, l’histoire de ce combat citoyen pour le droit à l’information comporte quelques épisodes savoureux comme les réactions embarrassées de François Hollande et d’Emmanuel Macron. En juin 2015, Wikileaks lance un nouveau pavé dans la marre en révélant que de nombreux membres de l’élite française, y compris trois présidents de la République, ont été espionnés par la NSA. À la suite de ces révélations, L’Élysée répondra dans un communiqué laconique que la France ne donnerait pas suite à la demande d’asile de Julian Assange (art. en encadré) en dépit de l’avis favorable exprimé par la ministre de la Justice Christiane Taubira. « J’étais à l’Élysée pour défendre l’idée que la France sortirait grandie en répondant favorablement à la demande de Julian, affirme Juan Branco, le cabinet de François Hollande m’a demandé de patienter et a exprimé son refus 45 minutes plus tard en prétendant s’être livré à un examen approfondi de la demande d’asile… En fait, Hollande ne souhaitait pas prendre le moindre risque face aux États-Unis après les révélations sur la NSA. Il était évidemment informé des écoutes. Ce n’est pas cela qui lui posait problème mais plutôt que ces écoutes aient été révélées aux Français ».
Mise à jour d’un système global de surveillance généralisée
Le 16 février 2017, Wikileaks met à la disposition des internautes trois ordres de la CIA incluant les détails de cette campagne d’espionnage. Les documents indiquent que l’opération de la CIA a initialement duré 10 mois, du 21 novembre 2011 au 29 septembre 2012, et qu’elle se serait poursuivie après l’élection et la formation du nouveau gouvernement. « Ils parlent, nous les écoutons. Ils bougent, nous observons. En fonction de l’opportunité, nous réagissons sur le terrain » a décrit un jour McConnell l’ancien directeur de la NSA. Lorsque que l’on comprend que cette méthode est la même à Kaboul, Paris ou Berlin et que l’information devient publique, les chefs d’État éprouvent beaucoup de peines pour retrouver la légitimité et l’image de cohérence qui leur est nécessaire dans les démocraties d’opinion.
Trois ans plus tard, après sa déconvenue avec le cabinet de François Hollande, en juillet 2018 l’avocat de Julian Assange rencontre le conseiller spécial d’Emmanuel Macron, Ismael Emilien (1), pour les mêmes raisons. « Notre discussion s’est clôturée par une fin de non recevoir, précise Juan Branco, car il voulait en contrepartie du droit d’asile, la disparition des Macron Leaks (2). Et même si ces documents ne sont pas d’une importance capitale, Julian a mis en place un système qui permet d’éviter ce genre de chose. Il ne peut pas détruire des documents lui-même ». Ces deux rencontres au plus haut niveau de l’État français semblent avoir abouti à la même combinaison chimique.
Tirer sur ce fils de pute
Il est vrai que défendre la cause d’Assange face aux intérêts de la première puissance mondiale n’est pas un sport très prisé dans la sphère politico-médiatique. Dès juillet 2010, le conseiller démocrate Bob Beckel donne le ton, en déclarant sur Fox News qu’il faudrait tout bonnement éliminer Julian Assange : « Un homme mort ne peut plus divulguer quoi que ce soit. Ce type est un traître, et il a désobéi à toutes les lois des États-Unis. Ce type, devrait-je dire, je ne suis pas pour la peine de mort, il n’y a qu’une chose à faire, tirer sur ce fils de pute illégalement.»
Le fait qu’un jeune informaticien australien soit parvenu quasiment seul à faire vaciller la plus grande puissance mondiale met les tenants du pouvoir américain sur le pied de guerre. Il est poursuivi pour espionnage, et risque la peine de mort. Assange devient l’homme à abattre des États-Unis. Dès lors, s’orchestre une campagne de dénigrement relayée par tous les grands médias internationaux.
Campagnes de dénigrement
Le fondateur de Wikileaks est accusé successivement d’être un violeur, un antisémite, et de travailler pour la Russie, autant dire pour l’enfer ! Et qu’importe qu’il ait été finalement blanchi (3). Après cette campagne calomnieuse, l’expression de soutien spontané qu’il avait suscité s’est raréfiée. On peut s’autoriser à faire un parallèle avec le traitement médiatique actuel du mouvement social des gilets jaunes dont certains se trouvaient ce soir-là dans la salle. «On a senti l’énorme poids de ces multiples campagnes pour déprécier cet homme qui n’a fait que dire la vérité. Des milliers d’articles ont été publiés l’associant à cette affaire de viol sans aucune distance. Il faut du temps pour désactiver ces mensonges, s’indigne Juan Branco, j’ai pu observer les effets de cette campagne, à quel point cela peut être destructeur, d’autant plus sur une personne enfermée. Les médias ont répondu inconsciemment à des mots d’ordre d’un pouvoir qui se sentait menacé par cette personne. J’ai vu comment l’appareil politique pouvait se mettre en marche, les liens entre économie, politique et médias. Il faut absolument débrancher les médias des grandes puissances. C’est un point cardinal pour rétablir la confiance avec les citoyens ».
Effets de la pression sociale
« Julian a dû faire face à cette violence qu’oppose le système à ceux qui ose s’ériger contre lui. Ce qui explique ma radicalisation et ma fidélité malgré les grandes difficultés » indique Juan Branco. On sait comment les attaques du système qui s’abattent massivement sur un individu sont destructrices sur le long terme. Les effets de cette charge se manifestent encore confusément mais ils sont perceptibles chez Assange qui est apparu affaibli lors de ses rares apparitions publiques. L’intensité de la charge ne se limite pas à la cible car elle vise avant tout l’opinion publique. L’avocat français reste discret sur les pressions qu’il a subi directement, vol d’ordinateur, de téléphones, cambriolages, informations qui fuitent avant de pouvoir les exploiter… « Les pressions ne sont pas assumées. C’est très lâche. Il y a les contrôles aux frontières systématiques, mais le plus violent c’est l’intangible. On se rend compte que dans nos relations, nos rencontres, il y a une absence totale de sécurité. Qui nous dit que celui-ci ou celle-là ne nous approche pas pour nous surveiller ? C’est un monde délirant, hors norme. Votre entourage ne peut pas l’assimiler. C’est quand même fou de vous dire que vous êtes la priorité numéro un de la CIA et que 150 agents sont en poste à Paris pour vous surveiller. Et croyez-le ou non, ils sont postés dans le même bâtiment que Le Figaro, affirme Juan Branco qui met en parallèle «les trois agents français censés rendre compte de l’activité des services américains ».
Injonction à la désolidarisation
Pour être plus représentatif, sortir de l’émotion et revenir à l’enjeu collectif, Juan Branco s’attache à décrire l’état de torpeur qui se propage par cercle concentrique. « Cette expérience a eu aussi des effets sur l’entourage proche de Julian. J’ai vu des gens devenir quasiment fous par ce qu’ils n’arrivaient plus à savoir la vérité. Tout d’un coup, on les accusait d’être proche d’un antisémite, d’un violeur, de quelqu’un à la solde de la Russie. Tous ces stigmates se sont accumulés pour détruire Julien Assange. J’ai vu l’effet de la pression sociale et de l’injonction à la désolidarisation. C’est çà qui est le plus violent. J’ai vu des personnes devenir folles, des avocats se suicider, victimes du harcèlement qui retombait sur eux ».
Quelles perspectives ?
Provenant d’horizons différents et sensible à la liberté d’expression, le public de la Carmagnole s’interroge sur les actions pouvant être menées en faveur de Julian Assange. « Maintenant que l’on a compris que l’affaire n’est pas judiciaire et que c’est juste une persécution politique, elles sont multiples, a répondu son avocat, Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise ont eu le courage de le défendre quand personne ne le faisait, ce qui nous a rapproché durant cette période (4) mais les soutiens doivent aussi émerger de la société civile. A l’instar de L’Appel de Montpellier (5) initié le soir même par le président de La Ligues des droits de l’Homme de Montpellier, Alain Doudiès, avec le soutien du Président d’Acrimed, Mathias Raymond.
Pour «faire bouger les choses» et aboutir à une résolution politique, Juan Branco mise aussi sur un appui populaire. « Les « gilets jaunes » sont un vrai espoir pour nous. Il y a une volonté populaire de recherche de la vérité et une identité de combat très forte qui peut peser dans le débat démocratique ». Des ponts existent entre le combat du fondateur de Wikileaks et les revendications des gilets jaunes. Dans la capacité d’engagement, la critique du système médiatique, ou la détermination de mettre son corps et sa vie au service d’une idée, se dessine la transversalité d’une lutte pour une idée de la vérité. « Lorsque je me suis retrouvé en décembre en face de lui, commente Juan Branco, j’ai vécu un énorme soulagement personnel en voyant que ce type survit et tient parce qu’il sait que ce qu’il fait est juste. Il savait très bien que la cause qu’il défendait allait probablement détruire sa vie, mais cela en valait la peine ».
Jean-Marie Dinh
* Juan Branco
A 29 ans, le jeune docteur, spécialiste du droit international et détracteur de la domination des grandes puissances, a déjà acquis une certaine expérience des rouages de l’État. Il a notamment été conseiller de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, puis a intégré le Cabinet Fabius au Quai d’Orsay, où il était en charge de la défense des droits de l’homme et des droits fondamentaux. En 2013, alors que le ministre de l’Economie se propulse comme l’étoile du Nord, il refuse d’intégrer le staff d’Emmanuel Macron. Dans un reportage télévisé, on voit Julian Assange louer son engagement et ses compétences en précisant que s’il bénéficie de nombreuses personnes expérimentées parmi ses soutiens internationaux, il est beaucoup moins fréquent d’en compter parmi ceux qui sont à l’aube de leur carrière…
Notes :
- Ismael Emilien, Conseiller spécial d’Emmanuel Macron impliqué dans l’affaire Benala a annoncé sa démission le 11 février dernier. Il fait partie avec Sylvain Fort, lui aussi démissionnaire récemment, de ce petit groupe que les Marcheurs appellent « les Mormons » de la « Macronie historique ».
- Macron Leaks l’exploitation des milliers de mails et documents issus des Macron Leaks permet de comprendre comment la garde rapprochée d’Emmanuel Macron a explosé les compteurs de dons durant sa campagne électorale entre avril 2016 et avril 2017. Voir l’article de Médiapart « Macron Leaks : les secrets d’une levée de fonds hors norme ».
- En juin 2017, la procureure suédoise Marianne Ny annonce avoir «décidé de classer sans suite l’enquête pour viol présumé contre Julian Assange» et requiert la levée du mandat d’arrêt européen.
- Juan Branco a été candidat LFI aux législatives dans une circonscription sensible du 9-3 avant de prendre ses distances avec le parti de Jean-Luc Mélenchon et de s’impliquer dans le mouvement des Gilets Jaunes.
Image de une : Julien Assange par Cancillería del Ecuador — https://www.flickr.com/photos/dgcomsoc/14953880621/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34813739
ASSANGE
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Idées sous-tendant l’activité de Julian Assange
Julian Assange constate qu’il existe une asymétrie d’information entre les pouvoirs publics et les citoyens et que cette asymétrie profite essentiellement aux États. Cela signifie que les États sont, d’une part, en mesure de contrôler une grande partie des communications de leurs citoyens, et qu’ils tentent, d’autre part, de garder secrets de larges pans de l’information dont ils disposent.
Partant de ce constat, Assange estime que les innovations techniques proposées par Internet offrent désormais la possibilité d’inverser l’asymétrie observée en déployant une stratégie reposant sur deux axes essentiels. Le premier de ces axes vise à protéger les informations à caractère personnel des citoyens par des moyens cryptographiques, moyens cryptographiques au développement desquels Assange a d’ailleurs déjà contribué activement et qu’il s’est attaché à diffuser gratuitement. De tels moyens sont susceptibles de restreindre très fortement l’influence et le contrôle qu’exercent les États sur leurs citoyens.
Le second axe vise, lui, à organiser la publication-divulgation systématique des connaissances dont disposent les pouvoirs publics, de réduire les flux de communication de ces derniers et de parvenir ainsi à une minimisation de la fonction étatique conçue en tant qu’autorité. « L’organisation de fuites constitue une action intrinsèquement anti-autoritaire », revendique Julian Assange. note citation Assange wikipédia 29
Il convient de noter que l’asymétrie d’information constatée entre les autorités publiques et les citoyens constitue une grille de lecture que Julian Assange entend, dans le sillage d’un nombre croissant d’économistes, appliquer également à la compréhension du mode de fonctionnement des entreprises ; l’objectif final restant néanmoins pour Assange de corriger les défauts d’une telle asymétrie et, ce faisant, de mettre éventuellement à nu le cynisme susceptible d’en découler.
Source Wikipédia
Déclaration de Brian Eno et Yanis Varoufakis de DiEM25
C’est avec beaucoup d’inquiétude que nous avons appris que Julian Assange a perdu l’accès à Internet et le droit de recevoir des visiteurs à l’ambassade d’Équateur à Londres. Seules des pressions extraordinaires de la part des gouvernements américain et espagnol peuvent expliquer pourquoi les autorités équatoriennes ont pris des mesures aussi révoltantes pour isoler Julian.Ce n’est que récemment que le gouvernement équatorien a accordé à Julian la citoyenneté et un passeport diplomatique, dans le but de lui permettre de quitter Londres en toute sécurité. Le gouvernement britannique, sous la forte pression du gouvernement américain, a refusé d’exploiter cette opportunité pour mettre fin à la détention de Julian – même après que les autorités suédoises ont annoncé qu’il n’avait fait ni ne ferait l’objet d’aucune inculpation. Maintenant, il semble que le gouvernement équatorien ait été mis sous une pression implacable, non seulement afin de l’empêcher d’ouvrir à Julian une voie diplomatique vers la sécurité, mais aussi de le chasser de son ambassade de Londres. Outre les pressions américaines, l’Équateur subit également l’influence du gouvernement espagnol qui cherche à étouffer les critiques émises par Julian sur l’emprisonnement d’hommes politiques catalans par Madrid et, en particulier, sur l’arrestation de l’ancien premier ministre catalan en Allemagne.
De toute évidence, le gouvernement équatorien a fait l’objet d’intimidation en raison de sa décision d’accorder à Julian l’asile, le soutien et, finalement, le statut diplomatique. Naturellement, le gouvernement équatorien ne peut pas admettre qu’il cède à cette pression et il déclare officiellement que les tweets de Julian sur la Catalogne sont à l’origine de sa décision de l’isoler. C’est bien sûr tout à fait invraisemblable. Julian est maintenant citoyen équatorien et bénéficie à ce titre de la pleine protection de sa liberté d’expression garantie par la Constitution équatorienne. De plus, la seule raison pour laquelle Julian se terre à l’ambassade d’Équateur à Londres – et ce pourquoi l’Équateur lui a donné l’asile en premier lieu – est précisément le fait qu’il ait ouvert la voie à la liberté d’expression des lanceurs d’alerte et défendu notre droit de connaître la vérité sur certaines pratiques des États-Unis et d’autres puissances occidentales, pratiques que ces dernières ont trouvé « dérangeantes » une fois exposées au grand jour.
Un monde dans lequel les lanceurs d’alerte sont pourchassés, les petits pays forcés de violer les principes qui leur sont chers, et les hommes politiques emprisonnés pour avoir suivi pacifiquement leur programme politique est un monde profondément perturbé – un monde en désaccord avec le monde idéal dont les pouvoirs libéraux en place en Europe et aux États-Unis se targuent d’avoir créé de toutes pièces depuis la fin de la guerre froide.
Gardant tout cela à l’esprit, nous appelons tous les citoyens de bonne volonté à envoyer un message aux autorités équatoriennes pour exiger que l’accès de Julian au monde extérieur soit rétabli et un autre, encore plus pertinent, aux autorités britanniques pour mettre fin à la détention de Julian.
Brian Eno et Yanis Varoufakis
SIGNEZ MAINTENANT LA PETITION POUR METTRE FIN A L’ISOLEMENT DE JULIAN ASSANGE !
Lettre ouverte de Julian Assange à François Hollande juillet 2015
" La France accomplirait un geste humanitaire .
En m’accueillant, la France accomplirait un geste humanitaire mais aussi probablement symbolique, envoyant un encouragement à tous les journalistes et lanceurs d’alerte qui, de par le monde, risquent leur vie au quotidien pour permettre à leurs concitoyens de faire un pas de plus vers la vérité. Elle enverrait aussi un signal à tous ceux qui, de par le monde, saisis par l’hubris, trahissent leurs valeurs en s’attaquant incessamment aux citoyens qui s’y refusent.
La France a longtemps été porteuse d’espérance et de singularité pour de nombreux peuples et individus de par le monde. Ses mythes nourrissent encore aujourd’hui bien des enfances. Mes liens avec ce pays ne sont pas seulement idéels. De 2007 jusqu’à la perte de ma liberté en 2010, j’y ai résidé. Nos structures techniques y sont encore installées.
Mon plus jeune enfant et sa mère sont français.
Je n’ai pas pu les voir depuis maintenant cinq ans, depuis que la persécution politique à mon égard a commencé. La situation présente leur cause d’immenses difficultés. J’ai dû garder leur existence secrète jusqu’à aujourd’hui dans le but de les protéger. J’ai aujourd’hui l’espoir que la situation et l’appui dont je bénéficie permettront de les protéger. Mon fils aîné, aujourd’hui adulte, et ma mère, en Australie, subissent en effet encore aujourd’hui les conséquences de ma situation.
Les menaces de mort, le harcèlement, y compris venant de personnes ayant des liens avec l’appareil militaire états-unien, ont commencé au même moment qu’émergeaient les appels à mon assassinat. Ils ont dû changer d’identité et réduire leurs échanges avec moi.
Je ne souhaite plus subir cette situation. Je souhaite les retrouver."
Julian Assange
Appel de Montpellier: la liberté et l’asile pour Julian Assange
Parce qu’il a révélé au monde, via Wikileaks, des informations d’intérêt public majeur et contribué ainsi à la démocratie, Julian Assange est bloqué depuis juin 2012, il y a plus de six ans, à l’ambassade d’Equateur à Londres. Il vit reclus dans une pièce de vingt mètres carrés, sans lumière du jour, sans contacts avec ses proches.Ces conditions de vie sont inacceptables. Y mettre fin va au delà de la défense d’un acteur de premier plan de la liberté de l’information et relève de la simple humanité.Les organisations représentées (1) et les citoyens présents, ce lundi 18 février à La Carmagnole à Montpellier, lancent, au nom des valeurs de la République, un appel au gouvernement et aux parlementaires.Ils demandent que Julian Assange :retrouve sa pleine liberté et toute sa capacité à poursuivre son travail au service du bien commun,se voit accorder la demande d’asile en France qu’il a présentée en 2015,puisse disposer des protections que nécessitent les pressions et les menaces dont il est la cible.
- Amnesty International,
- Les Amis du Monde Diplomatique,
- La Carmagnole,
- Les Gilets Jaunes du Piémont Cévenol,
- La Ligue des droits de l’Homme,
- Nouveau Monde.
Appel de Montpellier: la liberté et l’asile pour Julian Assange
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