Première édition de « Carca’sonne l’hiver », du 5 au 7 décembre : trois concerts dont la médiévale Controverse de Karakorum.


 

C’est une première à Carcassonne : « La musique classique rencontre le patrimoine dans l’écrin de la basilique Saint-Nazaire. » Et ce sont trois événements que donne à partager ce nouveau festival « Carca’sonne l’hiver ». Un partenariat entre Centre des Monuments Nationaux, Ville, château, remparts, et une culture qui célèbre un art médiéval toujours vivant.

 

Musique de chambre en quatuor et Bach irrésistible au cello

On inaugure ces nouvelles rencontres vendredi 5 avec le Quatuor Van Kuijk. Fondé en 2012, ce groupe de quatre formidables solistes cumule des distinctions qui en font une formation des plus connues actuellement, pour son talent, sa jeunesse, son invention, sa recherche. Son récent Prix du Public couronne sa démarche originale de partage des répertoires. Cette fois-ci on va redécouvrir le Quatuor de Mozart n° 16 K428, et celui de Mendelsohn, le n°6 opus 80, une pièce sublime, fascinante, ainsi qu’une œuvre rarement jouée, le Quatuor de Germaine Tailleferre, d’une écriture aussi inventive que lumineuse.

Le lendemain, c’est un moment unique que prépare le violoncelliste Marc Coppey : les trois Suites pour violoncelle de Bach. Il est aussi souvent à la tête d’un orchestre, dirige les Solistes de Zagreb et enseigne depuis 20 ans, avec la même passion, pour « essayer de donner des moyens de liberté aux étudiants que l’on rencontre ». Ce programme Bach, en liberté, c’est tout lui. Rappelons qu’à 18 ans il a remporté les deux titres du concours Bach de Leipzig, et qu’à l’image de Pablo Casals il a fait de ces pièces des images personnelles et en a donné des interprétations inoubliables.

 

 

Retrouver Bach et ses Suites  pour violoncelle : incontournable aventure pour Marc Coppey. Crédit photo Kyoko

 

 

Voyage en Mongolie, plus loin que Marco Polo !
Dalaijargal Daansuren évoque la Mongolie à travers les sonorités du morin khuur. Crédit photo Marc Mercadier

Pour habiter ce lieu magnifique à l’acoustique exceptionnelle qu’est la basilique Saint-Nazaire à Carcassonne, Bruno Bonhoure et « La Camera delle Lacrime » installent, dimanche 7, leur voyage musical La controverse de Karakorum, spectacle créé en 2016 dans le cadre du Festival de la Fondation Royaumont.

Cette odyssée retrace le voyage que fit au XIIIe siècle Guillaume de Rubrouck, franciscain ami de Saint-Louis, jusqu’en Mongolie, et dont il fit le récit dans une « lettre » en latin (300 à 400 pages dans les éditions en français). Le public va découvrir en musique les paysages, les habitants de l’Asie Centrale, entre chants populaires et musique sacrée.

La « controverse » théologique de la Pentecôte, qui a eu lieu avec le Grand Khan en janvier 1224, devient un intense moment d’échange, d’écoute, de rencontre des cultures, des langues, des cantiques. Airs médiévaux, hymnes bouddhiques, chants soufis, antiennes ou airs à boire : « La Camera delle Lacrime » qui excelle dans la musique ancienne a ajouté aux répertoires chrétiens des morceaux populaires traditionnels correspondant au voyage du moine Guillaume, qui visite la Turquie, la Mer Noire, la Crimée, la Mongolie, le Don, le lac Balkhach, les steppes de la Mongolie, jusqu’à la cour de Mangu-Khan, la capitale Karakorum…

« Une rencontre avec l’autre »

Ce voyage à travers le temps, l’espace et le sacré, est écrit et mis en scène par Khaï-Dong Luong, chanté et dirigé par Bruno Bonhoure : ils sont partis pendant des mois en Mongolie en 2006 sur les traces de Guillaume de Rubrouck. Avec eux Yan li chante et joue de la vièle erhu, rare instrument traditionnel chinois, Mokrane Adlani interprète le chant soufi et fait entendre le violon oriental, et Dalaijargal Daansuren qui pratique le chant diphonique, technique vocale qui permet de produire deux sons simultanés, joue aussi le morin khuur, instrument à cordes emblématique de la nation mongole.

Pendant dix ans Bruno et Khaï-Dong ont suivi la route de Guillaume de Rubrouck, et en 2016 Bruno Bonhoure disait sur France 3 Régions Auvergne-Rhône Alpes : « Je crois que par rapport à la situation que l’on vit au niveau national et international, nous, interprètes, nous sommes exactement à la place où nous pouvons être actuellement. On est un peu démunis par rapport à ce qui se passe, et je pense que le projet Karakorum peut peut-être aider à développer une parole, une rencontre avec l’autre. » Cette route musicale de rencontres et d’échanges est actuelle et passe par Carcassonne, en quête de nouveaux horizons.

Michèle Fizaine

Festival  Carca’sonne l’hiver  :
– le 5 décembre à 20h, « Concert événement » par le Quatuor Van Kuijk ;
– le 6 à 20h, 3 suites pour violoncelle de J.S. Bach par Marc Coppey ;
– le 7 à 16h La controverse de Karakorum par La Camera delle Lacrime. Tarifs 20 et 30 €. Réservation.

Dans le cadre du festival, visite gratuite des remparts de la Cité de Carcassonne le dimanche 7 décembre.

Photo1 :Un « événement » avec le Quatuor Van Kuijk, pour découvrir la pièce de Germaine Tailleferre. Crédit Photo Alpha

 

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J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.