mardi 16 décembre 2025
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Visite présidentielle à Marseille. À La Provence, couvrir Macron est un exercice périlleux

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Le siège du quotidien « La Provence », à Marseille, Crédit photoChristophe Simon / AFP

À Marseille, chaque visite d’Emmanuel Macron transforme le travail des journalistes de La Provence en exercice d’équilibriste, entre information et prudence éditoriale.

Ce mardi 16 décembre, Emmanuel Macron est de retour à Marseille, annonce La Provence, qui met en avant les deux chevaux de bataille du moment — la lutte contre le narcotrafic et la régulation des réseaux sociaux — ainsi que le vaste chantier de modernisation lancé en 2021 avec le plan Marseille en grand. Le quotidien évoque l’occasion d’en dresser le bilan et d’en mesurer « l’appropriation par les Marseillais ». Dans la rédaction tout le monde sait que le traitement sera d’autant plus scruté que le PDG du journal est un proche du chef de l’État.

Cette visite, soigneusement préparée, intervient après un précédent resté dans les mémoires. En mars 2024, à l’issue d’un déplacement surprise, La Provence titrait : « Il est parti et nous, on est toujours là… », reprenant la parole d’un habitant. Le directeur de la rédaction, Aurélien Viers, avait alors été mis à pied, provoquant une grève et une dénonciation d’« ingérence éditoriale inadmissible ».

Depuis, le climat a laissé des traces. L’épisode illustre l’exercice délicat auquel sont confrontés les journalistes : informer sans complaisance tout en subissant la tentation — ou la pression — de l’autocensure. Difficile par exemple, dans ce contexte, de suggérer que le président reste massivement rejeté par toutes les familles politiques, et  que 78 % des Français jugent que c’est un mauvais chef de l’État (selon le baromètre Odoxa-Mascaret de décembre 2025).

À Marseille, on sait que le mistral peut décoiffer et que certains sujets sont explosifs. Entre plan de rénovation, narcotrafic et liberté éditoriale, chacun avance donc prudemment, casque bien ajusté. Le président passera, les chantiers resteront, et les journalistes, eux, continueront de marcher sur des œufs… en espérant qu’aucun ne saute avant la fin du tirage.