Dans la salle de bain, je relis notre prophète Orwell « Les prolos et les animaux sont libres ». Une observation qui ressurgit dans ce moment de « solidarité » nationale comme dans la procédure de contrôle politique qui l’accompagne. Hier, à la capitale, le conseil des ministres a décidé de durcir le dispositif. L’armée déplace des cadavres de l’Est vers le Sud, nous apprend la télévision nationale. Aujourd’hui le parlement va abdiquer et donner les pleins pouvoir au parti en marche. Le coronavirus offre à ce parti réformiste une période des plus fructueuses, des plus brillantes et des plus décisives du mouvement. Va-t-il savoir tirer profit de cet univers de surréalité où l’esprit libre et critique perd tous ses droits pour nous désensibiliser ? Dans un tel contexte tout phénomène divers de la création intellectuelle, toutes pensées, critiques de l’actualité, rêves… même le hasard peuvent être dénoncés comme déviations tendancieuses et dangereusement subversives. Nous sommes en guerre sans plus de précision… puisque l’on refuse de pratiquer le dépistage. L’ennemi n’est pas localisable, ce peut être vous ou moi. Il apparaît clairement que la liberté en tant que telle n’existe plus que sous une forme vitaliste. « La liberté c’est l’esclavage » a écrit ce prophète socialiste libertaire. Je croise le regard du chat qui semble conscient du problème. Je tente de mesurer son niveau d’intégrité. Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous. Avec une détermination admirable que je ne suis pas sûr de leur envier.
Jm