Les Zapatistes1 embrassent le monde dans un voyage depuis le Mexique (2 mai) sur un voilier nommé « La Montagne », l’Escadron 421 appelé ainsi parce que 4 femmes, 2 hommes et 1 personne trans composent l’équipage avec, également, des internationalistes : 4 allemand-e-s et 1 colombien. D’abord les amarres sont jetées en Europe avec trente pays visités, ce sera ensuite le tour des autres continents par mer et air.
Après l’Espagne, Vigo (21 juin) et Barcelone, où ces militant-e-s de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) ont débarqué, ils et elles seront accueillie-s, le jeudi 8 juillet à 18h30 place Arnaud Bernard, par le Comité toulousain Zapateria qui, depuis l’hiver dernier, a minutieusement préparé leur arrivée.
500 ans après la soi-disant conquête de l’Amérique, le voyage se fait dans le sens inverse pour réveiller les consciences. Et fait écho au 27ème anniversaire de l’insurrection populaire zapatiste du 1er janvier 1994 au Chiapas (Sud-Est mexicain) pour le droit à l’autodétermination des peuples originaires et à vivre dignement. Plus de 2 500 organisations et personnes de 51 pays ont adhéré à « La Déclaration pour la Vie » en soutien à la tournée zapatiste à travers les cinq continents. On peut y lire, notamment, que « le responsable des douleurs du monde est le système capitaliste patriarcal, exploiteur, pyramidal, raciste et criminel ». Leur venue a pour objectif de rencontrer toutes les personnes qui luttent là où elles vivent et de différentes façons pour abattre le capitalisme.
Les Zapatistes ont soif d’échanger
Point de désir de domination de leur part mais un véritable souci d’écouter les autres, d’échanger leurs histoires mutuelles, leurs succès comme leurs échecs. « Il faut lutter pour la vie, s’organiser, se défendre, mais uni-e-s » opine le sous-commandant Moisés qui a succédé à Marcos à la tête de l’EZLN.
Ces sept Zapatistes ont un nom et un visage même s’il est couvert, non plus par la fameuse cagoule qui a immortalisé les yeux du sous-commandant Marcos, mais remplacé par le fameux masque en période pandémique. Lupita, 19 ans, tsotsil du Haut Chiapas, parle couramment sa langue maternelle, le tsotsil. Carolina, 26 ans, actuellement tseltal de la forêt Lacandone, originellement tsotsil. Ximena, 25 ans, cho’ol du nord du Chiapas: elle parle sa langue maternelle, le cho’ol. Yuli, 37 ans, originellement tojolabal de la forêt frontalière, à présent tseltal de la forêt Lacandone. Bernal, 57 ans, tojolabal : il parle couramment sa langue maternelle, le tojolabal. Felipe, 49 ans, qui a remplacé au pied levé Dario. Marijosé, 39 ans, tojolabal. Elle a été désignée comme la première zapatiste à débarquer.
Les femmes ont un rôle de premier plan dans les communautés zapatistes. Une rencontre internationale des femmes en lutte a eu lieu en 2018 et la candidate des peuples autochtones Marichuy s’est présentée aux élections présidentielles soutenue par l’EZLN. Celles qui ont vécu le mépris, le violence, la mort pour le simple fait d’être des femmes indigènes et pauvres ont participé et témoigné dans de multiples ateliers contre les violences machistes.
Une chorale féministe animera la soirée.
Piedad Belmonte
Notes:
- Qui sont les zapatistes? Les communautés zapatistes sont formées majoritairement de membres des peuples autochtones mayas, au Chiapas. Le 1er janvier 1994, en protestation contre les mesures néolibérales de l’ALENA (accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique), pour une plus juste répartition des terres agricoles et des conditions de vie dignes, un soulèvement a eu lieu, à l’initiative de l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale). Après des affrontements et une répression menée par l’armée mexicaine, l’EZLN a décidé de respecter unilatéralement les accords de paix de San Andres signés avec le gouvernement. Cette nouvelle phase a permis l’édification de communautés zapatistes, gouvernées collectivement et horizontalement, qui ont développé leurs écoles, cliniques, coopératives, etc… Les zapatistes considèrent que leur émancipation ne peut se réaliser que dans « un monde où il y a de la place pour plusieurs mondes ».