Politiques et associations ont dit leur volonté de défendre le dernier service public du logement, menacé en Vaucluse.
André Castelli, Conseiller départemental communiste, voit deux gros problèmes de fond. « Comment se fait-il que le débat à l’assemblée départementale ait lieu en fin de parcours ? On aurait du commencer par ça. Mais la vraie question c’est le département ; doit-il se défaire de ses services publics ? Le bailleur du département a-t-il failli à ses missions ? Malheureusement, ce débat n’aura pas lieu, la seule question qui nous sera posée vendredi c’est “êtes vous pour ou contre la dissolution de Vallis habitat ?” Le Département veut ainsi clore le débat. Le département est pourtant une collectivité qui existe pour répondre aux besoins du public, il est fondé, comme les autres collectivités, sur les services publics. Il est urgent de mettre cette question en débat. Cette fusion a entraîné la présidente sur les voies de l’illégalité et du mensonge. On verra si le préfet donne quitus de la légalité de l’opération. Mais s’il laisse faire, d’autres missions de service public pourront être mises en cause. »
Jean-Marie Michel, représentant le PS et le sénateur Stanzione : « Il ne faut pas oublier que le Vaucluse est un département pauvre, le cinquième selon les statistiques de l’INSEE. Nous avons un problème crucial d’accession au logement. Le logement social a un rôle important, il doit être défendu. Ce qui se passe aujourd’hui est une cession à titre gratuit, un abandon pur et simple d’un patrimoine de près d’un milliard d’euros. La présidente du Département trafique les chiffres, c’est une droite qui n’aime pas les services publics ; il serait intéressant de se pencher sur la gestion récente de Vallis habitat par cette droite. On sait aussi que la gestion de Grand Delta pose problème, et que les loyers y sont plus élevés. Concernant le logement social, une collectivité ne discute pas de la même manière avec Vallis Habitat ou Grand delta. »
Stéphane Geslin, POID, s’inquiète d’une « démarche aventurière de la part de la présidence du Département, notamment s’il y a bien des doutes sur la légalité de l’affaire. Cette initiative correspond à la ligne politique à l’œuvre dans le pays de suppression des services publics, éventuellement des départements… Pour notre part, nous demandons l’abrogation de la loi ELAN, la remise en état de tout le patrimoine, et la construction de 3,5 millions de logements sociaux.»
Marcelle Landau, du collectif des usagers de l’eau, est venue exprimer sa solidarité dans le combat commun de ceux qui luttent pour le service public. « Les services publics sont l’avenir, et cela passe obligatoirement par une lutte avec les habitants. Je suis affligée de la désinvolture avec laquelle certains élus traitent des problèmes fondamentaux. »
Farid Farrissy, pour la France insoumise, rappelle que pour Grand Delta « si les rénovations se font, comme je l’ai vécu à Carpentras, on a très vite des augmentations de loyers jusqu’à 200 euros. Je suis avocat, et je siégeais au tribunal d’instance où se jugent les expulsions, Grand Delta se comporte comme n’importe quel bailleur privé et se fout des locataires. Vallis Habitat propose des échéanciers et maintient les gens dans leur logement. 15 000 logements de Vallis Habitat, ça fait 40 000 habitants, pourquoi ne leur demande-t-on pas leur avis sur cette fusion ? J’ajoute que selon le rapport de l’ANCOLS, Grand Delta a des loyers plus chers et que les conventions avec la CAF ne sont pas respectées. Vallis Habitat est le bailleur qui a le plus de logements dans le Département, c’est un opérateur sain, qui respecte la démocratie et l’égalité. Alors que si vous voulez un logement chez Grand Delta, il vous suffit d’aller sur Leboncoin. »
Pierrick Nussbaum, de la section du PCF d’Avignon : « Le logement social est un outil politique qui a permis d’éradiquer les bidonvilles il y a quelques décennies. De la même manière, la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) prévoit 20 %, puis 25 % de logements sociaux minimum dans les viles de plus de 3 500 habitants. 20 % des vauclusiens vivent sous le seuil de pauvreté, et 78 % d’entre nous disposent de revenus leur ouvrant droit à un logement social. Pourtant, seule une demande sur 5 est satisfaite aujourd’hui. Et un logement sur dix est indigne ; il n’est donc pas question d’abandonner le logement social au privé. Les difficultés de Vallis ? Peut-être que les administrateurs du département et la direction étaient plus occupés à préparer la fusion qu’à s’occuper des locataires. Et que dira Mme Santoni quand le patrimoine sera vendu à la découpe ? Nous, nous pensons qu’il faut aller vers un minima de 30 % de logements sociaux dans un premier temps, et faire vivre un grand service public du logement décentralisé, des prêts à taux zéro et une agence nationale foncière. »
CC