Ambiance, samedi dernier, avec le champion du monde de beatbox, Alem, partagée par les collégiens de Frontignan et le Collectif Orchestré. L’aventure continue.
Quand liberté s’accompagne d’invention et succès, ce sont de grands bravos qui saluent le programme, partagé par les jeunes des Deux Pins et le Collectif Orchestré, avec à la baguette… de percu… Georges Di Isernia. Tous autour de la vedette, le champion du monde de beatbox, Alem, qui est déjà venu plusieurs fois. Samedi, ils étaient réunis pour un long concert de clôture festive après les ateliers qu’Alem a animés au collège de Frontignan pour une bonne trentaine d’élèves, motivés par leur professeur de musique, Joël Larguier.
À la rencontre d’un art total

Dans l’auditorium Maurice Ravel du conservatoire de Sète il y a du mystère, de l’angoisse, de la frénésie maîtrisée, haletante, un bel engagement collectif et personnel. On vit tension et affirmation avec « Every breath » de Police ou « Thriller » de Michael Jackson, et l’attente de « The miracle » de Queen, mais c’est parti avec l’amour désabusé de Goldman « Et l’on n’y peut rien », avant de plonger dans les belles couleurs de « Baby I love you », de s’interroger comme Bécaud « Que vais-je faire… », jusqu’aux belles « lumières » musicales dans les derniers moments. Et surtout on découvre « Synchronisme », création composée par Georges Di Isernia. C’est tout à fait « Orchestré » et « Collectif », chanteurs et musiciens se donnent à fond.
Alem est passionné et créatif dans cet art total qu’est le beatbox, qui mêle rythme et son. A capella ou avec le Collectif Orchestré bien motivé, il mêle à ce qui évoque toute la gamme des percussions et vibrations, des nuances instrumentales, vocales, avec une énergie et une plénitude où il sait ajouter questionnement ou légère ironie. Les morceaux avec le handpan1, cet instrument de percussion joué à la main, ont été des moments magiques. En fait, Alem (Maël en privé…) pratique cet instrument depuis plus de quinze ans, mais cela ne fait pas si longtemps qu’il le met en valeur et l’enseigne aux jeunes. Les prestations ont été étonnantes, et les participants ont eux-mêmes surpris leur « prof’ » : « Ce qui était nouveau, c’est qu’on enchaîne, qu’un élève remplace un autre… On va continuer ! »
Deux jeunes danseurs de hip hop, Tahime et Khenzy, sont intervenus, présents et dynamiques, dans l’envol aérien comme dans la redescente sur terre. Ces collégiens motivés, qui étaient une quinzaine sur scène, continuent de travailler dans l’attente des prochaines rencontres et sont heureux de ce projet : « Alem est très pédagogue et très ouvert avec nous. On est contents d’être là, et lui aussi ! »
Beatbox, hip hop, slam, etc… À bientôt !

Le champion de beatbox 2015 n’est pas seulement roi des battles, ces expériences sont importantes pour lui. Alem est en train de préparer le volume 2 de « J’apprends le beatbox » qui va compléter les 18 premières fiches. Cela fait dix ans qu’il s’y consacre pour autoriser plus d’autonomie. Nouvelle passion des jeunes, d’ailleurs le champion 2024, le Tarnais Julard, a 19 ans ! Pendant deux jours Alem a fait travailler plusieurs niveaux : « C’est un projet très chouette, mais le but c’est la scène, pas seulement la découverte. » Tout le monde n’est pas immédiatement à l’aise : « Bien sûr on travaille d’abord le rythme, puis deux sons en même temps, mélodie et rythme, et on passe à la dimension de la scène, le micro, la mise en confiance. » Heureux des réponses, il songe à faire plus, s’il est possible d’organiser un accompagnement suivi nécessaire, à distance, ou un travail audio, qu’il a déjà testé avec Di Isernia.
On commence à programmer la suite, beat et slam, pour les collèges « Les Deux Pins » et « Simone de Beauvoir » ; Alem va revenir la deuxième semaine de décembre, puis au printemps 2026. Georges Di Isernia, qui par ailleurs prépare un projet intitulé « En même temps », va simultanément partager avec le Collectif Orchestré ce retour du champion quasiment frontignanais. C’est parti avec Alem pour de nouvelles aventures synchro’, rythmiques et mélodiques.
Michèle Fizaine
Photo 1 Le beatbox rencontre le hip hop, avec plein d’énergie. Crédit photo M. F.
Notes:
- Le Handpan est un instrument de musique métallique de forme ronde qui se joue avec les mains. Sa fabrication réside ensuite dans le développement d’un alliage d’acier auquel il faut rajouter de l’azote dans la couche superficielle de l’acier afin d’en changer les propriétés mécaniques. Une merveille d’innovation technique qui va permettre au handpan de voir le jour en utilisant ce nouveau métal. L’instrument à percussion produit des sons envoûtants grâce à sa large gamme de notes, une sonorité mélodieuse et originale donnant au handpan un côté mystérieux.