Trois semaines après l’agression, le nord de Gaza se noie dans la destruction, la faim et la soif au milieu d’un siège étouffant. Le 28 0ctobre au soir notre correspondant à Gaza, Abu Amir, nous envoie un texte sur l’état de la situation dans le Nord de Gaza.


 

Trois semaines après le début de l’agression israélienne, la région du nord de Gaza connaît des conditions humanitaires catastrophiques qui s’aggravent de jour en jour, alors que les habitant.e.s de la ville de Jabalia et de son camp souffrent de conditions difficiles en raison des bombardements et du siège en cours.

Ces conditions ont entraîné la destruction presque totale de la ville, car les bâtiments, les maisons et les infrastructures ont été presque entièrement détruits, entraînant une interruption totale des services de base. Les sources d’eau se sont taries, l’électricité est devenue inexistante et les installations de santé ont été complètement détruites, rendant la vie dans la région presque impossible. Au vu de ces conditions difficiles, des milliers d’habitant.e.s vivent dans la misère et le désespoir, sans abri sûr ni aucun moyen de leur garantir les besoins les plus élémentaires de la vie. Avec la poursuite du siège, toutes les installations médicales ont presque complètement cessé de fonctionner, y compris les hôpitaux et les équipes de secours, privant les blessés et les malades de tout type de soins médicaux. En raison de la pénurie de carburant et de matériel médical, il est devenu impossible pour les ambulances de transporter les blessés vers les hôpitaux.

Dans ce contexte, les corps des martyrs s’entassent dans les rues, les équipes médicales n’ayant pas pu les atteindre. En revanche, de nombreuses personnes déplacées vivent dans des maisons surpeuplées, dépourvues des normes les plus élémentaires d’hygiène et de nutrition, ce qui favorise la propagation des maladies, en particulier dues au manque de médicaments nécessaires et de la malnutrition sévère.

Des rapports indiquent que les rassemblements de civils continuent d’être directement ciblés, que ce soit par des drones ou de l’artillerie. En effet, de nombreuses zones ont été bombardées, faisant des victimes civiles, notamment des enfants et des jeunes hommes qui tentaient d’apporter de la nourriture ou de l’eau à leurs familles.

Par exemple, le jeune homme Muhammad Saeed Nasr est tombé en martyr alors qu’il essayait d’apporter de la nourriture à sa famille, une scène qui se répète avec d’autres jeunes hommes qui risquent la mort en essayant de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Les habitant.e.s de Jabalia sont exposés à un état de terreur constant, car quitter leur domicile devient un risque qui peut leur coûter la vie.

Du fait du manque de soins de santé, les maladies infectieuses se sont rapidement propagées au sein de la population, en particulier les maladies de la peau et des voies respiratoires, qui se sont aggravées avec la détérioration de l’hygiène et la malnutrition. Les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables aux infections graves, au vu des conditions de vie difficiles et du manque de médicaments et de traitements appropriés. La grippe s’est également largement répandue, tandis que de nombreux.euses blessé.e.s souffrent d’infections graves compte tenu du manque d’antibiotiques et de traitements appropriés, faisant de la douleur et de la souffrance un scénario quotidien pour les habitant.e.s de la région.

En raison des bombardements continus, des quartiers ont été gravement endommagés, des zones entières ont été détruites, des milliers de familles ont été déplacées et ont perdu leur maison, forçant beaucoup d’entre elles à chercher refuge dans les écoles et les installations publiques qui les abritaient avant qu’elles ne soient également détruites. Alors que les bombardements se poursuivent, la vie est devenue presque impossible dans des zones résidentielles limitées où la population restante vit dans des conditions difficiles et sans abri.

L’armée israélienne assiège les habitant.e.s du nord de Gaza depuis 23 jours, pour les forcer à quitter leurs zones. Elle pratique une politique de génocide contre les habitant.e.s du nord et commet les massacres les plus brutaux, mais les habitant.e.s préfèrent la mort au déplacement et à une répétition de la Nakba de 1948.

Les habitant.e.s de Jabalia assiégée appellent à une intervention rapide et immédiate de la communauté internationale et des organisations humanitaires, dans le but de sauver des milliers de vies menacées de mort par la faim et la soif, et de mettre un terme à cette tragédie humanitaire qui s’aggrave de jour en jour. La situation actuelle est l’une des périodes les plus difficiles pour les habitant.e.s du nord de Gaza depuis des décennies, ce qui nécessite une intervention immédiate pour fournir de la nourriture, des soins médicaux et une aide humanitaire, et pour travailler à l’ouverture de couloirs sûrs afin de porter secours aux civils assiégés et de leur fournir les besoins de base.

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.