Anniversaire du 22 au 27 août : 280e édition d’une fête qui rend hommage aux traditions, et qui met en valeur son image actuelle, avec deux invités vedettes.


 

C’est plus qu’une annonce, c’est une identité affirmée, confirmée pour les joutes : on sait tout sur la Saint-Louis 2024 depuis quelques jours. Le parc Simone Veil à Sète était le lieu idéal pour dévoiler l’affiche et le programme de cette édition anniversaire.

Une fois de plus, le maire François Commeinhes met en valeur les joutes… sportives : « On peut affirmer, en cette année olympique, que Sète vit ses 280es Olympiades de la Saint-Louis… » Et Francis Le Bail, le coordinateur, a bien assuré que fin août on pouvait préférer le sport à Sète plutôt qu’à Paris ! Elyane Sarda, déléguée aux joutes, et Cédric Licciardi, délégué aux festivités, se passent ensuite le relai.

 

Cadre Royal et baraquette

Les parrains de ces festivités sont deux personnes emblématiques. L’athlète sétoise Delphine Le Sausse, vedette handisport, incarne résilience et détermination, outre ses exploits, ses seize titres mondiaux, ses records du monde. Paraplégique incomplète après un accident de ski, elle a relevé le défi physique et émotionnel, triomphale en ski alpin comme en ski nautique. Elle était porteuse de la flamme olympique le 13 mai, mais elle participe aussi depuis longtemps aux festivités du Cadre Royal1 où elle a découvert jadis l’univers des joutes. Elle est donc l’invitée d’honneur charismatique de cette édition historique.

« Tout est souvenir, ici » déclare Benjamin Biolay qui est l’autre vedette de cet anniversaire. Depuis des années l’artiste revient toujours dans sa baraquette2 sur le Mont Saint-Clair. Sète l’inspire. Pas seulement quelques « souvenirs éthyliques »… car on se souvient du super concert gratuit, en plein Covid, au magique parc Simone Veil. Sète est un lieu d’écriture et de chansons, il est fan de la Saint-Louis, du champion Evangelisti, des tournois, et des boules carrées. D’où les 17 titres de son CD « Saint-Clair », de 2022.

 

Musiques et sports

Un hommage est rendu à Christine Sidobre, récemment décédée, qui a œuvré pour ces fêtes pendant des années, pour « une Saint-Louis populaire » dont les temps forts sont ensuite révélés. Au programme, des joutes tous les jours — chariots, défilés, joutes féminines, peñas, musiques trad — mais aussi une formidable batucada. Soirées spectaculaires à ne pas rater : un concert-bal de Fed Karato le vendredi 23, et « Légendaire », une surprise de la Compagnie Remue-Ménage le lendemain. Ensuite on ne manquera pas les tournois de boules carrées et de boules ovales, le roulement de barriques, mais aussi la déambulation musicale de Banda Sagana, l’aubade des hautbois et tambours, le concert à l’italienne du dimanche et le gala lyrique du lundi, ainsi que la soirée finale avec Krystal Noir et le feu d’artifice. Mais oui, le sport est présent à toute heure avec jouteurs, rameurs, nageurs, et aussi cyclisme et tennis… loin des JO. François Commeinhes commente : « À Sète, c’est la sérénité qui règne, l’esprit d’amitié et de partage ! »

Ensuite — « à m’ment donné », comme dirait le tambour vedette Jean-Louis Zardoni — l’affiche 2024 est enfin dévoilée ! Sa créatrice, l’artiste peintre et mosaïste maintes fois primée, Madeleine Molinier Sergio, témoigne d’une rare passion familiale pour les joutes, dans laquelle elle a grandi : « C’est une partie intégrante de notre vie. Elle explique que ce tableau est une image de son histoire, de ses racines, de ses deuils, de ses passions, et représente un lien très fort avec le monde des pêcheurs, avec l’univers du Cadre Royal, du Saint-Clair. Sur la tintaine3 les jouteurs incarnent : « Solidarité et honneur ». Cette représentation, lumineuse et colorée, témoigne des liens si forts que tissent les tournois.

 

Histoires d’affiches

Déception : cette belle affiche fait maintenant l’objet d’une polémique, car elle aurait été déjà publiée en 1999 sur un programme de l’Avenir des Jouteurs Sètois. En fait ce n’est pas exactement la même, et l’on voit des différences concernant jouteurs, drapeaux, couleurs. Madeleine Molinier Sergio n’en a guère de souvenir, la Mairie ne l’aurait pas su… La prolifique artiste de 89 printemps a peut-être peint deux tableaux de sa vision unique, mais ce choix 2024 laisse perplexe : « Bis repetita placent »4 ?

Tradition rime avec invention. Les affiches de la Saint-Louis sont plus qu’une publicité et sont fortement liées à l’histoire du patrimoine des joutes, « l’ADN de notre ville », selon Elyane Sarda. La précédente, en 2023, était signée par Vivi Navarro. Le Covid a reporté 2020 en 2022 avec l’idée de Tony Bosc. Auparavant la manifestation était illustrée par Jean-Jacques François en 2018, par Gilles Marie Dupuy en 2019 et l’on n’oubliera pas l’affiche de Christophe Vallaux qui hisse Agnès Varda sur la tintaine en 2017, année de l’expo de 32 ans d’affiches ! Sans oublier bien sûr les images de Topolino en 2013, Di Rosa en 2004, Combas en 2005… Tout un monde auquel chaque édition ajoute en principe une vision nouvelle, sportive, poétique ou comique, prête à orner les pavois.

Michèle Fizaine

 

Le programme de la 280e Saint-Louis, du 22 au 27 août 2024.

Lire aussi : A quoi tu jou…tes ? sur le Cadre Royal les héros ne sont pas tout seuls

 

 

La fameuse affiche de Madeleine Molinier Sergio. Photo de Tiziana Annesi.

 

L’affiche de 1999.

 


 

 

Les affiches de la Saint Louis mettent la créativité

et l’humour sètois à l’honneur

une petite sélection…

 

 

La Saint-Louis vue par Vivi Navarro en 2023.

 

 

La Saint-Louis vue par Topolino en 2013.

 

 

La Saint-Louis vue par Di Rosa en 2004.

 

 

La Saint_Louis vue par Christophe Vallaux – avec Agnès Varda sur la tintaine ! en 2017.

 

 

La Saint-Louis vue par Jean-Jacques François en 2018.

Notes:

  1. Ce qu’on appelle à Sète cadre Royal est la portion de canal délimitée par deux ponts, celui de la Civette et le pont de la Savonnerie. C’est ici et depuis 1666 que se déroulent l’un des plus populaires tournois de joutes nautiques de France lors de la Saint-Louis.
  2. Bicoque rustique, la baraquette stockait jadis le petit bazar des pêcheurs et des vignerons du Mont Saint-Clair.
  3. Les compétiteurs appelés « jouteurs » sont positionnés sur une plate-forme se situant à près de trois mètres de l’eau, à l’extrémité de chaque barque. Cette plate-forme porte le nom de tintaine. Sur la partie basse de la tintaine, se tiennent les jouteurs des prochaines joutes.
  4. « Les choses répétées deux fois plaisent », disait Horace.
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J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.