Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, a décidé jeudi 9 novembre de dissoudre le Parlement et de convoquer des élections législatives anticipées le 10 mars 2024 pour surmonter la crise provoquée par la démission du Premier ministre socialiste, Antonio Costa, impliqué dans un scandale de corruption.


 

Le président conservateur s’exprimait après avoir entendu pendant près de quatre heures, sur la situation du pays, les membres du conseil d’État, une instance consultative. M. Rebelo de Sousa a choisi de convoquer des élections, comme le réclamaient les principaux partis de l’opposition de droite et de gauche, alors que les membres du conseil d’État n’y semblaient pas favorables, a-t-il précisé.

Le choix de passer par des élections est également l’option que semblent partager une majorité de Portugais. Près des deux tiers y sont favorables, d’après un sondage réalisé par l’Institut Aximage et publié jeudi dans le quotidien Correio da Manha.

« Le pays n’avait pas besoin d’être à nouveau appelé aux urnes » dans « un contexte de grande incertitude internationale », a estimé M. Costa à son arrivée jeudi soir au siège du Parti socialiste à Lisbonne, ajoutant qu’il avait proposé le nom de Mario Centeno, actuel gouverneur de la Banque du Portugal et ancien ministre des Finances, pour prendre la tête d’un nouveau gouvernement. Mais le président a jugé cette solution trop « fragile ».

Un nouveau scrutin salué par la droite

Le principal parti de l’opposition de droite a, quant à lui, applaudi la décision du président. « Il était inévitable de redonner la parole aux Portugais » afin de « rétablir le prestige, la crédibilité et la confiance dans les institutions démocratiques », a aussitôt réagi Luis Montenegro, président du Parti social démocrate (PSD).

La décision de convoquer des élections dans quatre mois permettra aussi au gouvernement d’adopter le budget de l’État pour l’année prochaine, dont le vote final est prévu le 29 novembre. Cela assurera « la stabilité économique et sociale indispensable » au pays, a rappelé le président.

Le Premier ministre a créé la surprise en démissionnant mardi, après son implication dans un scandale de corruption. Cette affaire a déjà conduit à l’inculpation de son ministre des Infrastructures, Joao Galamba, et à l’arrestation de son chef de cabinet, Vitor Escaria, limogé jeudi. L’enquête porte notamment sur des soupçons de « corruption » et de « trafic d’influence » dans l’attribution de concessions pour l’extraction de lithium et la production d’hydrogène vert, selon le parquet. Soupçonné d’être intervenu « pour débloquer des procédures » dans le cadre de cette affaire, Antonio Costa fera « l’objet d’une enquête » autonome. Il s’est défendu d’avoir commis une quelconque illégalité.

Arrivé au pouvoir en 2015, il était l’un des rares socialistes à la tête d’un gouvernement européen. Il a profité d’une conjoncture favorable pour détricoter les mesures d’austérité mises en œuvre par la droite en échange d’un plan de sauvetage international accordé en 2011, tout en continuant à assainir les comptes publics. Après sa large victoire électorale le 30 janvier 2022, qui lui a donné une majorité absolue censée garantir la stabilité de son gouvernement, M. Costa a vu sa popularité dégringoler en raison de scandales à répétition.

Avec AFP