Après vingt ans de couple et un divorce, Charlie a découvert les sites de rencontre à presque 50 ans. Une occasion de tester son potentiel attractif et se rendre compte qu’on ne possède pas la caractéristique première d’un aimant ou qu’au contraire, on attire tout ce qu’on voudrait repousser… Elle livre ses observations et ses meilleurs conseils pour survivre aux messages gênants et aux premiers rencards.
Quand on est jeune divorcée et que l’on frôle les 50 ans la solitude interpelle, surtout si, comme moi, on a passé plus de vingt ans en couple. Me retrouver seule m’a fait un bien immense et je ne suis pas forcément pressée de partager ma vie avec une nouvelle personne.
Mais c’est sans compter la pression, sans doute involontaire, de l’entourage bienveillant qui peut glisser quelques rappels à l’ordre sur le temps qui s’écoule : « T’es plus toute jeune, ce serait bien que tu rencontres quelqu’un rapidement » ou bien « Tu ne vas quand même pas finir ta vie seule ! » et bien sûr, l’inévitable question/réponse : « Tu t’es mise sur des sites de rencontre ? Non parce que je connais quelqu’un qui connaît un couple qui s’est rencontré comme ça et ils sont toujours ensemble. Comme quoi ça peut marcher. »
Ma découverte des sites de rencontre, à l’aube de la cinquantaine
Il m’a fallu quasi un an après mon divorce pour envisager de m’inscrire, sous les encouragements de mon jeune psy plus enthousiaste que moi : « Mais oui allez-y lâchez-vous, faites des rencontres, amusez-vous, testez votre potentiel attractif. » Houla, tout doux le psy, on se calme ! C’est peut-être aussi ça le problème : tester son potentiel attractif et se rendre compte qu’on ne possède pas la caractéristique première d’un aimant ou qu’au contraire, on attire tout ce qu’on voudrait repousser…
Je totalise 3 expérimentations de sites de rencontres distincts et commence à en maîtriser les ficelles. Une chose est certaine, c’est qu’il faut avoir le cœur comme les yeux bien accrochés et savoir aborder la chose avec beaucoup de recul et d’humour ; vous éviterez ainsi de tomber en dépression face à la bêtise et parfois la misère humaine. Loin de moi l’idée de vous faire un cours magistral sur le sujet, mais plutôt de vous donner quelques indications sur cet univers. Suivez-moi et comme dirait Sam de l’inoubliable émission ô combien culturelle Y’a que la vérité qui compte, la vérité est au bout de cette phrase.
Phrases d’accroches et orthographe douteuses
« Je dirais que votre père doit être fabricant de biscotte car franchement je dirais que vous être drôlement craquante »
« Bonjour Charlie, besoin de votre aide : j’ai l’impression d’avoir commandé trop de sushis pour ce midi et je n’arriverai jamais à les finir tout seul »
« Bonsoir Charlie si t’es célibataire, tas besoin de passé [sic] un moment inoubliable, accompagné d’un homme respectueux, éduqué, costaud, musclé et bien juteux, discutons nous ».
Bienvenue sur cette « planet » ou le choix des mots, l’ortograf, le souvent mauvais goût et les punchlines sont les maîtres du jeu. Quel que soit le site, il vous faudra passer par la case description, en répondant à des questions pas toutes très intelligentes du style « Quel objet vous suit partout ? » Inutile de vous préciser que la plupart des répondants aussi originaux soient-ils, se sentent obligés de répondre « ma brosse à dents » . Waouh, si drôle et sexy !
Écrire quelques lignes sur soi est également impératif pour se démarquer dans le rayon des profils visités. C’est un exercice compliqué mais qui doit donner envie de liker et d’entamer pourquoi pas, une discussion par sms. Eh bien figurez-vous que beaucoup n’ont pas l’air de l’avoir compris et y vont de leurs états d’âme en toute franchise ; jugez plutôt (les noms ont été changés mais la syntaxe et l’orthographe sont d’origine) :
« Jacques, 48 depressif, alcoolique mais de bonne composition.hésiter pas a me draguer si je vous plait on ne sait jamais peut-être le feeling »
« Les femmes qui vivent dans le passé, indécises, accros de leur canapé, obsédées de la balance, intolérantes et les femmes enfants, passez votre chemin…merci.
PS : hystérique ou en voie de mémérisation avancée s’abstenir. »
À quel moment peut-on imaginer séduire avec ce type de propos ?! Suis-je la seule à rechercher une relation saine, épanouissante et non me coller avec un poids qui comptera sur mon soutien pour l’aider à rester en surface ? Quant aux propos machistes, peut-être finalement qu’ils attirent un certain public féminin dont je ne fais pas partie…
Fuir les recherches de « relations sans prise de tête »
Dans les descriptifs de profils, s’il est une expression qui revient régulièrement dans ce que recherche la gent masculine, c’est « une relation sans prise de tête ». C’est bien simple, la lire me fait systématiquement swiper vers la gauche pour visualiser le prochain « produit ». Deux explications justifient ce rejet automatique : la première, c’est que si le mec en question n’a pas envie de « se prendre la tête », il serait en revanche tout à fait d’accord pour prendre autre chose… La seconde, c’est que je ne peux pas m’empêcher de penser que s’il mentionne ce sujet, c’est qu’il est lui-même source de prise de tête.
Il est aussi plus que conseillé de compléter son profil par plusieurs photos. En tête des arrière-plans, des portes d’ascenseur ou des distributeurs de serviettes de toilettes publiques (type aires d’autoroutes) ou d’entreprises. Faire un selfie au volant de sa voiture la tête légèrement penchée, c’est censé nous faire vibrer ? Poser devant sa moto est aussi un grand classique, sans doute l’expression de la testostérone la plus puissante… Et que dire des photos de paysages floues, des couchers de soleils mal cadrés et des assiettes censées nous faire saliver ? Décidément, certains ne semblent pas comprendre que nous ne cherchons pas une destination touristique mais plutôt un destinataire final.
Évitez les premiers rendez-vous au restaurant
Quand le match opère, vient le temps des échanges par textos ou appel. Si j’ai un conseil à donner en la matière, c’est de ne pas faire durer ces échanges trop longtemps. Mes expériences m’ont appris que l’on ne peut juger qu’en face-à-face : la gestuelle, la façon de s’exprimer, la voix et le regard forment LE tout qui permet de se faire une réelle idée de ce que l’on ressent. Par pitié, refusez le restaurant en guise de premier date. Vous risquez de passer le repas le plus long de votre existence et je sais de quoi je parle ! Il m’est arrivé de rentrer dans un restaurant pour comprendre tout de suite que ça n’allait pas être possible. J’aurais pu partir en courant, mais mon éducation m’a rattrapée : de nature plutôt réservée, j’ai tout de même essayé de trouver des sujets de conversations pendant que l’autre en face était en mode « avion » dès les premières minutes, avec des bâillements après une demi-heure. Tellement classe… Difficile de faire plus gênant.
Privilégiez plutôt le verre dans un café qui peut se transformer d’un commun accord en dîner. L’option balade dans un parc est celle que je préfère : à défaut du crush attendu, un peu d’exercice ne fait pas de mal et l’on peut y mettre fin comme bon nous semble.
Mon devoir de réserve m’oblige à ne pas nommer les sites testés mais qu’il s’agisse de rencontres soi-disant mythiques ou d’une plateforme qui rassemble l’élite, le résultat est pour l’instant similaire : aucune palpitation digne de ce nom ou déclenchement de flamme. On se refait un point dans quelque temps ?
Merci à Charlie pour son témoignage que vous pouvez retrouver avec d’autres sur le blog de Charlie Steser. On lui dédie cette pensée de René Char : « Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit. »