Après sa présentation en compétition au dernier festival Cinemed de Montpellier, le film d’Adila Bendimerad et de Damien Ounouri sort en salle cette semaine.
C’est un véritable événement pour le cinéma algérien. Remonter au XVIe siècle d’Alger, traiter d’une Algérie avant la domination ottomane et la colonisation française n’avait jamais été tenté au cinéma.
Fondé sur l’histoire du royaume d’Alger au temps des grandes oppositions entre l’Espagne des rois catholiques Isabel et Ferdinand et des corsaires Aroudj et Khaireddine Barberousse qui s’affirment défenseurs et protecteurs des musulmans d’Espagne et d’Afrique du Nord, le scénario d’Adila Bendimerad est une affirmation d’une identité algéroise, liée aux royaumes de Miliana, Tlemcen…
Histoire ou légende, cette dernière reine d’Alger donne à Adila Bendimerad un rôle à sa mesure. Actrice de théâtre et de cinéma, Adila Bendimerad fait de la tragédie de cette reine un acte de résistance à l’oppression d’où qu’elle vienne.
Trois femmes sont au centre du film et de l’opposition Alger-Aroudj. Si le film reste totalement centré sur le personnage de la reine et donc de l’actrice-scénariste-co-réalisatrice, les actrices et acteurs de ce film en costumes XVIe donnent une grande crédibilité aux personnages de cette histoire légendaire.
Damien Ounouri et Adila Bendimerad ont réussi à mobiliser artisans et décorateurs pour contourner le tournage en studio et retrouver des éléments de cette histoire dans les décors naturels de l’Algérie contemporaine. Les très beaux plans de la mer Méditerranée et des côtes algériennes servent la tragédie en particulier au moment de la mort du fils. Ils participent ainsi à la grande histoire méditerranéenne du XVIe siècle peu représentée au cinéma.
Cette réussite devrait inspirer les cinéastes pour traiter de la résistance de la Kahena1, de l’Afrique du Nord romaine, bref enrichir l’imaginaire historique de tous les méditerranéens.
Jacques Choukroun
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