Le collectif pour le maintien de la maternité de Ganges interpelle une nouvelle fois l’Agence Régionale de Santé (ARS). Dans un courrier en date du 12 février il réaffirme qu’un centre périnatal de proximité1 n’a pas vocation à remplacer la maternité. Fort du soutien de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités, le collectif estime que l’ARS qui ne cesse d’affirmer que la maternité de Ganges joue le rôle d’un service public doit maintenant passer aux actes.
Courrier envoyé à L’ARS
Monsieur le Directeur
Le mardi 7 février, le collectif pour le maintien de la Maternité de Ganges s’est réuni. L’objet de cette réunion était de faire le point sur la situation de la maternité à cette date. La directrice de la clinique Saint-Louis nous a apporté son éclairage. Il en ressort qu’aucune solution n’est proposée actuellement à une femme enceinte qui se présente à la maternité pour la prise en charge de sa grossesse puis son accouchement. Depuis le 19 décembre, si une patiente en travail avancé se présente, l’accouchement se fera aux urgences. Elle et son bébé sont ensuite muté·e.s dans une maternité disponible. La salle nature2 n’est aujourd’hui plus fonctionnelle. Aucune IVG n’est assurée. Contrairement aux propos de la directrice, les demandes sont orientées vers d’autres centres hospitaliers. Il reste 6 sages-femmes dans l’incertitude de la suite : poursuite professionnelle sur Ganges ? rupture conventionnelle de contrat ? licenciement ?
Ce qu’il reste de la maternité fonctionne sans qu’aucune convention officielle entre le CHU de Montpellier, l’ARS et la direction de la clinique ne soit formalisée et, selon la directrice, tous ces services sont mobilisés pour aboutir à une convention, au mieux en juin 2023.
Le collectif pour le maintien de la maternité vous rappelle que la solution d’un centre de proximité n’est pas une option.
Nous vous demandons de déployer vos efforts avec le CHU et le groupe Cap Santé, non pas pour une convention en vue d’un CPP (comité de prévention des personnes) mais pour un service public de maternité. Toutes les conditions sont réunies. La volonté affirmée et répétée par l’ARS de ne pas fermer cette maternité, ses locaux existants — la salle nature ouverte depuis bientôt 4 ans est en cours de démantèlement — et une bonne partie du personnel.
Sur ce dernier point, vous vous étiez engagé lors de notre réunion du 13 décembre dernier, à nous faire connaître les efforts de Cap Santé pour le recrutement du personnel manquant, à l’origine de la fermeture provisoire. Nous attendons toujours ces informations. Nous vous demandons de nous communiquer les offres de postes diffusées ainsi que le nombre de rendez-vous qui s’en sont suivis et s’en suivent. En effet, le 7 février, il a été affirmé que les candidat·e.s qui se présentent sont informé·e.s qu’il s’agit de contrats à durée déterminée (CDD).
Pouvez-vous nous confirmer cette information d’une gravité qui ne peut pas vous échapper ? Comment recruter sur des contrats courts dans le contexte actuel de la maternité ? Alors que vous, Monsieur le Directeur, nous avez affirmé le 13 décembre qu’il n’y avait aucun aspect financier dans ce mauvais épisode où il était impossible de recruter du personnel. Dans le cas où l’information précédente serait exacte, la question se pose de savoir qui doit assurer les recrutements : le groupe Cap Santé ou le CHU ?
C’est pourquoi il est urgent dès à présent de viser la réouverture de la maternité et non un CPP dont vous nous avez affirmé le 10 décembre qu’il n’aurait qu’un caractère provisoire.
En ces temps de crise du système de santé où de nouvelles maternités ont été fermées, la position de l’ARS appelle des actes. Les femmes enceintes du territoire, les femmes désirant recourir à l’IVG ont besoin d’une maternité de proximité. C’est un droit. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Au plaisir de vous lire, veuillez croire Monsieur le Directeur en notre engagement pour la réouverture de la maternité.
Le collectif pour le maintien de la maternité de Ganges
Inquiétude du personnel de la maternité de Ganges. Photo altermidi
Notes:
- Un centre périnatal de proximité a vocation de prendre en charge la prévention, le suivi, l’éducation et l’information des futures mères. C’est aussi un pôle de consultations prénatales (suivi des grossesses), de consultations postnatales (suivi des bébés et de leurs mamans) et de consultations gynécologiques.
- La salle nature permet aux femmes le désirant d’accoucher le plus naturellement possible. L’aménagement de la salle nature permet un accouchement physiologique dans un environnement toujours sécurisé, en accord avec le projet de naissance des parents.