La nouvelle édition du festival consacré aux musiques du monde se tient dans la (belle) cité arlésienne du 11 au 17 juillet. Concerts un peu partout, stages et master-classes, soirées dans le cadre unique du Théâtre antique, mais aussi réflexion sur l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui au programme.


 

Une foule d’événements gratuits dans la journée (scènes en ville, apéros-découvertes, siestes musicales, projections de films, salons de musique…), deux rendez-vous professionnels, des lieux patrimoniaux investis (ça tombe bien, la ville n’en manque pas), une tête d’affiche (Bernard Lavilliers le 13 juillet, complet depuis plusieurs jours) et des invitations à la découverte — à l’image de la “pop-folk chamaniquevenue de Corée avec Ak Dan Gwang Chil — une rencontre entre Edwy Plenel et l’historien Fabrice Riceputi organisée par Mediapart sur le thème « L’ Algérie au cœur, de la guerre d’indépendance au soulèvement du Hirak »1 : le festival Les Suds, c’est tout cela.  Un pari tenu depuis 1996 et une philosophie résumée par la présidente fondatrice de la manifestation, Marie-Josée Justamond : « Malgré les remous et les grands fracas  du monde, nous continuerons lors de cette édition à porter cet acte de foi humaniste : un autre monde est possible. » L’actuel directeur, Stéphane Krasniewski, parle, lui, de « musique pour réenchanter le monde ».

Il faudra probablement bien plus d’une semaine pour atteindre un tel objectif alors que la guerre frappe désormais en Europe. Mais si Les Suds ont attiré plus d’un million de spectateurs et spectatrices en 25 éditions, c’est bien la preuve que l’idée du métissage des cultures n’est pas morte, malgré tous les vents contraires. Elle sera notamment symbolisée par la rencontre musicale entre l’Iran (la voix de Sahar Mohammadi qui porte la poésie persane) et l’Arménie (le duduk2 de Haïg Sarikouyoumdjian), proposée dans le cadre plus intimiste des « moments précieux » (le 13 juillet). Le flamenco, incarné cette fois par Maria Terremoto (le mardi 12 juillet), ne pouvait pas être absent de ces moments accueillis cette année dans la Cour de l’Archevêché.

De scène en scène, toutes sortes d’expressions musicales auront droit de cité3, de la cumbia du trio féminin colombien La Perla (en première partie du concert de Lavilliers) au chanteur-guitariste Eliades Ochoa, venu du célèbre Buena Vista Social Club. De la chanteuse tunisienne Emel Mathlouthi à la voix prenante d’Oumou Sangaré qui « s’enracine dans le royaume wassoulou pour mieux prévenir les divisions du Mali d’aujourd’hui ». Et si l’écrin du Théâtre antique est pour beaucoup dans le pouvoir d’attraction de la manifestation (pas de festival sans lieu emblématique), la Nuit des Suds, « ambiancée » par le groupe Lemma, Sofiane Saïdi et Acid Arab se tiendra le samedi 16 juillet au Parc des Ateliers (les anciennes installations de la SNCF réhabilitées). Et pour finir en beauté, le festival mettra les voiles vers la Camargue avec sa « journée buissonnière » au Domaine de la Palissade, le dimanche 17 juillet.

J-F. Arnichand

(Photo Florent Gardin-Les Suds)

 

Notes:

  1. Lundi 11 juillet, 16h30, à l’École nationale supérieure de photographie.
  2. Le duduk est un instrument à perce (profil interne du tube des instruments de musique à air) cylindrique et à anche (Languette vibrante qui s’adapte au bec des instruments) double.
  3. Programme complet sur www.suds-arles.com
JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"