Un court texte d’intervention de l’écrivain toulousain Francis Pornon sur la drôle de “migration” dans la ville rose d’une œuvre des artistes Joan Coderch et Javier Malavia.
La résurrection d’une ligue de vertu ? « C’est la question que pose La Libre pensée à Toulouse », précise l’écrivain toulousain Francis Pornon. « Car on a déplacé une œuvre d’art exposée place Saint-Étienne [devant la cathédrale du même nom, Ndlr]. Il s’agit d’une sculpture des artistes espagnols Joan Coderch et Javier Malavia, intitulée “Le Géant de sel” et représentant un danseur de Butô. C’est la nudité traditionnelle du danseur qui, semble-t-il, a pu choquer et provoquer le déplacement par les services de la mairie. Or donc, voici aujourd’hui à Toulouse une nouvelle manifestation d’interdiction de représenter la nudité en art. L’histoire de l’humanité, du moins celle de l’Europe, fourmille d’actes de ce genre. On se souvient de l’affaire récente des tentatives de faire interdire l’exposition du tableau “L’Origine du monde” par Courbet. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a guère de progrès quand les statues grecques nues ont pas moins de 25 siècles ! Je me bornerai à une autre question : jusqu’où faudra-t-il bagarrer — à Toulouse comme ailleurs — pour tenter de résister au recul des actes et des idées ? ».
Selon la mairie de Toulouse, le déplacement de l’œuvre en question était prévu dès le départ. Elle est aujourd’hui placée à la sortie de la station de métro Jean Jaurès, près de la place Wilson.