Sur le réseau Facebook, la page « Montpellier passé » présente de multiples intérêts, à la fois historiques et sociologiques. En effet, elle a été créée le 3 juin 2017 et est rapidement devenue le point de rencontre des gens passionnés par notre ville et sa région, au point d’atteindre près de dix-huit-mille abonnés et d’être la plus fréquentée du moment. Explications.
Son initiateur arbore le pseudo d’Espace Sidéral et souhaite garder discrètement l’anonymat. Mais on peut le joindre, grâce à la messagerie du site. Il nous explique comment lui est venue l’idée de fonder cette page : « Je suis un collectionneur depuis toujours (cartes postales, photos, œuvres d’art, etc.) et mon idée, c’était de partager mes images avec d’autres et de les amener à nous faire découvrir les leurs, d’impulser un échange. Et puis, rapidement, de plus en plus de gens sont venus et on a constitué un groupe de copains. Certains se sont retrouvés, qui s’étaient perdus de vue depuis longtemps, d’autres ont fait connaissance. Difficile de résumer ce qui peut se passer entre tant de gens, mais il s’en passe des choses ! »
Espace Sidéral est né à Montpellier en 1963, il a fréquenté l’école maternelle Saint François d’Assise, l’école Victor Hugo, le lycée Joffre. Il avait une grande famille en Suisse et quand il était petit, il disait à tous que Montpellier était la plus belle ville du monde, ce qui les amusait, bien sûr. Il essaie de nous expliquer comment et en quoi sa passion naturelle pour le Clapas1 a pu réunir tant de monde sur Facebook : « Si j’ai lancé le groupe, maintenant il fonctionne grâce à tout le monde, chacun se l’est approprié et y va de ses images, de ses commentaires, de ses réponses. Je crois que le succès vient du fait qu’il n’y a pas un professeur et des élèves, pas un gourou et des disciples. On n’a pas un fonctionnement vertical, mais on est un très grand groupe d’amis, fraternels, animés de bonnes intentions. Un groupe libertaire où on discute tous ensemble et si nécessaire, on amène ce qu’on sait, ce qu’on a. Avec beaucoup d’humour aussi, de la dérision et ça, cela me plaît beaucoup. »
Ce qui est de surcroît très intéressant, c’est le grand nombre d’images qui sont partagées quotidiennement. Espace Sidéral, à lui tout seul, en met une dizaine par jour et si on ajoute les apports de tous les autres membres, c’est quotidiennement un nombre énorme de documents qui sont donnés à voir. Souvent les explications sont ajoutées par des visiteurs car bien fréquemment les photos sont à dessein laissées là, brutes en quelque sorte et appellent au commentaire : « On a des amis qui sont très fidèles et qui nous suivent en permanence, des inconditionnels qui alternent avec ceux qui sont moins réguliers. Pour tous, j’organise de temps en temps une sorte de schmilblic2, je mets une image et il faut trouver ce qu’elle montre. À celui qui trouve le premier, j’offre une de mes cartes postales que j’ai en double. J’aime bien donner, ça me fait plaisir… »
Espace Sidéral avoue être un paradoxe vivant, avoir un caractère bien à lui : « J’ai toujours été un sauvage, je suis depuis longtemps dégoûté de l’humain et de ses mauvais travers, nous explique-t-il, je n’aime pas voir les gens, me mettre en avant par rapport à eux, comme je suis contraint de le faire en tant qu’artiste peintre et la page Montpellier passé me permet de rester bien tranquille derrière mon ordinateur. Les avantages des relations sans leurs inconvénients… Au travers de nos échanges, on permet à beaucoup d’événements, de personnages qui auraient été oubliés de revenir à la mémoire de tous, on ne célèbre pas seulement l’histoire bourgeoise, mais aussi et surtout l’histoire populaire, celle de nous tous, de nos familles, de nos engagements. Ici, le travail d’historien se fait dans l’harmonie et dans l’intelligence. »
Il y a évidemment une règle du jeu, si vous souhaitez rejoindre l’équipe de Montpellier passé. Le règlement est énoncé en tête de page, dès qu’on y entre : « Ce groupe est dédié à Montpellier ; son art et sa philosophie de vie. Ici pas de politique, pas de religions, pas de publicité, pas de petites annonces. Toute publication qui ne respecte pas cette charte sera supprimée et son auteur sera exclu. Par souci d’esthétique et de lisibilité pratique des commentaires, les GIF (Format d’échange d’images) seront supprimés. » Voilà en quelque sorte ce qui explique la fluidité de la page, qui n’est pas parasitée comme peuvent l’être bien d’autres, d’autant que les nombreux modérateurs sont très vigilants. Amis de Montpellier et de sa région, vous voilà desservis par un site lui-même dépourvu d’arrières pensées, la base idéale à des recherches plus approfondies et ce à partir de thèmes auxquels vous ne vous attendiez peut-être pas…
Thierry Arcaix
Notes:
- Un clapas est un long tas de pierres érigé à la suite du défonçage et de l’épierrement d’une terre en vue d’en faire un champ. Le mot « clapàs » désigne l’« éclat de roche », le « caillou », le « bloc rocheux ». À Montpellier, par allusion au « gros rocher » du Peyrou, c’est le surnom occitan de la ville.
- Jeu autour d’un objet mystérieux, synonyme de « machin ».