Après des semaines de vives tensions, Ankara et Athènes ont annoncé, mardi 22 septembre, leurs intentions de renouer le dialogue afin de résoudre leurs différends maritimes en Méditerranée orientale. Le rôle de l’Allemagne a porté ses fruits.
Les deux pays ont opté pour la désescalade autour de leurs différends sur les frontières maritimes et les ressources en hydrocarbures en Méditerranée orientale. Ils ont annoncé, le 22 septembre, leurs intentions d’entamer des « pourparlers exploratoires ».
Les efforts diplomatiques combinés de l’Allemagne et de l’Otan ont contribué à apaiser le climat entre les deux voisins, dont les rapports s’étaient tendus depuis l’arrivée en août de l’Oruç Reis, un navire de recherche sismique turc, dans une zone contestée revendiquée par la Grèce, Chypre et la Turquie, à quelques encablures de l’île grecque de Kastellorizo.
Devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exprimé, mardi 22 septembre, le souhait de résoudre les désaccords « de manière juste et appropriée » par le dialogue et dans le cadre du droit international.
Interrogé par France 24, le directeur adjoint de l’IRIS1 et spécialiste de la Turquie Didier Billion, souligne la divergence d’appréciation, de compréhension et de perception de ce qu’est la Turquie aujourd’hui entre Paris et Berlin sur ce dossier.
« Angela Merkel a une volonté de maintenir un lien étroit de dialogue avec la Turquie, tout en n’hésitant pas à condamner les manquements du pouvoir turc et les atteintes aux droits de l’Homme dans le pays. C’est elle qui était en première ligne pour négocier avec Ankara lors de la crise des réfugiés en 2016. »
Emmanuel Macron a instaurer un rapport de force sans succès avec Erdogan
Dans cet entretien Didier Billion distingue la différence d’approche entre la France et l’Allemagne. « Berlin est décidé à jouer pleinement son rôle international, que ce soit sur la scène européenne ou internationale. C’est ce que fait Angela Merkel, avec ses méthodes de conciliation et de dialogue, et ce avec une certaine réussite, précisément sur ce dossier, où sa stratégie est radicalement différente de celle adoptée par Emmanuel Macron. Ce dernier a cherché à instaurer un rapport de force assumé avec Recep Tayyip Erdogan pour une série de raisons, notamment parce qu’il y a plusieurs contentieux qui se sont aggravés avec la Turquie, précisément autour de la question libyenne. Ce n’est pas en haussant le ton que l’on fera peur au président turc, cela ne fonctionnera pas, car malgré les divergences avec Ankara, rien ne peut remplacer la voie de la négociation, difficile mais nécessaire, et Angela Merkel a eu raison sur ce point ».
Photo : ministère grec de la Défense. Infographie AFP