La crise économique menace de nombreuses entreprises, en particulier dans les pays les plus touchés comme l’Italie, de ne plus figurer dans la catégorie « investissement » des agences de notation. Cela signifie que les banques ne pourraient plus utiliser leurs actifs pour se financer elles-mêmes auprès de la BCE, tout en aggravant pour ces entreprises une hausse de leurs coûts d’emprunt.
Après une réunion extraordinaire de son conseil des gouverneurs, la BCE a précisé, mercredi, qu’elle appliquerait à chaque actif sa note du crédit à la date du 7 avril afin que les banques puissent continuer à les utiliser, à condition que la note reste dans la partie supérieure de la catégorie non investissement, soit deux crans dans la catégorie « spéculative ».
« Ces mesures visent à garantir que les banques disposent de suffisamment d’actifs susceptibles d’être mobilisés comme collatéraux au sein de l’Eurosystème pour participer aux opérations d’approvisionnement en liquidités et pour continuer à fournir des financements à l’économie de la zone euro », a dit la BCE.
Cette mesure va probablement être interprétée par certains investisseurs comme un premier pas effectué par la BCE vers l’achat d’obligations notées en catégorie spéculative dans le cadre de son programme exceptionnel de 1.100 milliards d’euros, à l’image de ce que fait la Réserve fédérale américaine.
L’institut de Francfort laisse d’ailleurs la porte ouverte à d’autres initiatives. « La BCE pourrait décider, si et lorsque nécessaire, de prendre des mesures supplémentaires pour atténuer davantage l’impact des dégradations de notation, particulièrement avec l’objectif d’assurer la transmission fluide de sa politique monétaire dans toutes les juridictions de la zone euro », dit-elle.
Dans le cadre de ses opérations de financement très bon marché, la BCE prête actuellement aux banques à des taux pouvant descendre jusqu’à -0,75 %, accordant des rabais aux établissements distribuant ensuite ces fonds comme crédits à des entreprises.
Le 16 avril dernier, la supervision bancaire de la BCE avait décidé un allègement temporaire des exigences en fonds propres relatives au risque de marché. Autorisant ainsi temporairement une diminution des exigences en fonds propres*. La mesure vise à maintenir les activités de tenue de marché et la liquidité de marché. La BCE réexaminera cette décision dans six mois.
Avec AFP et Reuters
*A propos des exigences minimales de fonds propres
Les exigences minimales de fonds propres ont réformé l’approche fondée sur les modèles internes (AMI). Elles instaurent un processus plus rigoureux d’approbation des modèles, qui permet aux autorités de contrôle de retirer son autorisation d’utiliser des modèles internes mis en œuvre dans les banques. Elle prévoit par ailleurs une harmonisation, entre les banques, du recensement et de la couverture en fonds propres des risques importants, et elle fixe des limites à la diminution des fonds propres qui peut résulter des mesures de couverture et de diversification.
Des horizons de liquidité variables ont été intégrés à la version révisée de l’AS et de l’AMI afin d’atténuer le risque d’une dégradation soudaine et grave de la liquidité de marché sur l’ensemble des marchés d’actifs. Nous sommes en période de tensions, ce qui entraîne des modifications de l’évaluation du risque qui repose non plus sur la valeur en risque mais sur la valeur en risque conditionnelle.
La décision de la BCE indique une volonté de rester en phase avec les pratiques des banques en matière de gestion des risques mais cette réduction de l’arbitrage réglementaire sur les exigences de fonds propres peut aussi réduire la capacité des banques à couvrir les avoirs de leurs clients en cas de difficultés…
Pour aller plus loin : note du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire