Depuis le 5 Décembre dernier, aux premières heures d’un mouvement d’artiste inédit qui se développe dans la France entière, sous l’égide d’un collectif d’artistes-plasticien·ne·s, d’artistes-auteur·e·s, de travailleu·r·se·s de l’art, étudiant·e·s et professeur·e·s d’art, réuni pour confronter leurs situations, créer de nouvelles solidarités entre eux et se coordonner. Au-delà du nécessaire retrait de la réforme des retraites, ils veulent :-rompre avec cinquante ans d’isolement social, -mettre fin à la situation de précarité qui est leur ordinaire.
Quel que soit leur niveau d’études et de reconnaissance, ils souhaitent s’imposer collectivement comme force de propositions et de dialogue et défendre l’existence et le développement des lieux dédiés à leurs moyens de production et de diffusion (centres d’art, artist run space, ateliers). Ce collectif entend faire valoir la contribution des artistes à la création des richesses et à l’attractivité du territoire. Il entend ainsi trouver une alternative au modèle libéral qui réduit leur activité à celle d’un micro-entrepreneur, le modèle économique de l’artiste s’étant diversifié, bien au-delà de la vente de sa production. (enseignement, médiation, régie, accompagnement, formation, commissariat d’expositions…).
Ces artistes travaillent à la proposition d’un nouveau statut, simplifié, juste et décent, qui leur permette d’avoir une existence sociale. Un statut adapté aux réalités des diverses activités qui sont les leurs et conditionnent leur survie économique. Ils veulent sortir de cette complexité administrative inextricable qui rend leurs droits illisibles. ils demandent une mise en place concertée d’une grille tarifaire pour les droits de monstration des artistes, indexée sur le budget des lieux. Ils réitérent la demande d’une présence des artistes au sein des jurys, à tous les niveaux de décision (état et collectivités) : commande publique, 1% artistique, bourses et acquisitions des musées et des FRAC.
Le collectif Art en grève Occitanie est déterminé à agir ensemble dans ce sens pour obtenir des avancées, car ils entendent exister durablement dans l’espace social et culturel de l’Occitanie. C’est le sens de leur présence aujourd’hui dans la lutte contre la réforme du régime des retraites. Ils s’inscrivent ainsi dans une logique de solidarité et de convergence en inventant des complémentarités nouvelles, en retrouvant la logique du mouvement, son énergie, sa joie, sa positivité.
« Nous avons épuisé notre propre expérience de la marge. Nous voulons revenir sur le devant de la scène sociale, faire vivre, au profit de tous, l’idée de l’art et la nécessité de création. Dans ce sens, toute notre expérience, nos goûts, notre imagination nous portent vers l’invention de formes. » Le collectif ne souhaite pas s’enfermer dans la défense catégorielle d’intérêts particuliers, » car c’est la vie dans son ensemble qui doit être réinventée aujourd’hui. Nous sommes là aussi pour interroger l’art et la manière de «faire monde». Au-delà de notre propre survie matérielle et morale, ce que nous voulons, c’est défendre notre existence. »
C’est une même passion, une même précarité et un même combat qui rassemblent ces artistes. Ils quittent cette position de retrait qui était la leur, bien souvent par défaut, pour occuper collectivement le devant de la scène sociale. Vivre, et non survivre ! Faire des projets, s’y consacrer, inventer des possibles. Il faudra désormais compter avec eux.
Art en grève Occitanie, créé à Toulouse le 5 décembre dernier en lien avec les mouvements de Paris et de Caen, a réuni le 21 janvier plus de 1000 artistes-plasticien·ne·s, artistes-auteur·e·s, travailleu·r·se·s de l’art, étudiant·e·set professeur·e·sd’art, dont 160 dans les groupes de Perpignan, Montpellier et Sète. Ce n’est qu’un début.