A lire sur Médiapart, cette très bonne analyse de la journaliste Ellen Salvi faisant suite au semblant de mea culpa du ministre de l’intérieur qui a inventé une « attaque » à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il ne suffit pas de s’arrêter aux traits pagnolesques et au constat d’incompétence du ministre de l’intérieur. Les scénarios catastrophes que Christophe Castaner met en avant justifient la répression policière qui est bien réelle.
« Christophe Castaner aime beaucoup Twitter. Et Christophe Castaner aime beaucoup communiquer. Assez logiquement, Christophe Castaner aime beaucoup communiquer sur Twitter mais, soyons honnêtes, cela ne lui réussit pas.
De nombreuses vidéos ont circulé, toutes les gardes à vue ont été levées et l’histoire racontée par Christophe Castaner a rapidement été démontée. Mais Christophe Castaner a persisté, entraînant dans son sillage une bonne partie du gouvernement et de la majorité (…)
Voilà pour la version officielle. Version qui aurait pu être tranquillement déroulée si cette fâcheuse « presse qui ne cherche plus la vérité », comme le dit Emmanuel Macron, n’avait pas fini par dénicher le grossier mensonge du pouvoir (…)
Puisqu’il est question d’absurdité, autant le dire tout de suite : cette nouvelle déclaration du locataire de Beauvau atteint des sommets en la matière. Car non seulement l’expression « intrusion violente » n’est pas plus adaptée à ce qu’il s’est réellement passé à la Pitié, mais l’idée que des mots puissent « venir » comme ça à l’esprit de Christophe Castaner est assez affligeante. Les mots ont un sens et il serait de bon ton que le ministre de l’intérieur s’en souvienne, lui qui, depuis le début du mouvement des gilets jaunes, qualifie les manifestants de « séditieux » et de « factieux », pour tenter de délégitimer les colères sociales.
Comment prendre au sérieux le même homme lorsqu’il explique, quelques mois plus tard, que le mouvement s’est « radicalisé », et qu’il est désormais composé essentiellement d’« ultrajaunes » ? À l’entendre, les « séditieux » sont dans la rue depuis novembre 2018. Et les scénarios catastrophes qu’il met en avant justifient à eux seuls la répression policière qui accompagne les manifestations (…)
Alors voilà où nous en sommes : le ministre de l’intérieur dit n’importe quoi, il finit par le reconnaître à mi-mot, expliquant que tout cela n’est pas si grave au regard de ce qui aurait pu se passer si Paris avait été mis en bouteille. Le premier ministre lui réaffirme tout de même sa confiance et tout le monde passe à autre chose. Après tout, avant l’épisode de la Pitié-Salpêtrière, il y avait eu celui d’Alexandre Benalla « chargé des valises », celui des ONG « complices » des passeurs ou encore celui de l’explication de l’usage des LBD à des écoliers dans l’émission « Au tableau ! ».
Entre deux sorties du genre, Christophe Castaner continue de surjouer l’autorité pour tenter d’endosser un costume qui lui sied définitivement très mal et à poster sur Twitter des mises en scène de lui-même, tantôt en sweat-shirt à capuche avec les policiers de Seine-Saint-Denis, tantôt prostré au milieu des ruines de Notre-Dame de Paris. De la communication, peu de remise en question. Et des amis macronistes qui ont fini par se faire une raison : « Oui, bon, c’est Casta… », nous répondent-ils en souriant à chaque fois que nous abordons le sujet. Oui, bon, c’est peut-être « Casta », mais c’est surtout le ministre de l’intérieur à la tête d’un maintien de l’ordre devenu répression. «
Source : Ellen Salvi Médiapart 03/05/2019
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Voir aussi : SOS Méditerranée. Lettre ouverte à M. Castaner