Dans un contexte d’incertitudes liées au projet de loi de finances, l’assemblée plénière de la Région Occitanie, réunie à Montpellier ce jeudi, a mis en lumière les tensions budgétaires croissantes pesant sur les collectivités territoriales.
Instabilité politique nationale, trajectoire dégradée des finances publiques et effort financier accru demandé aux territoires composent un environnement jugé préoccupant par de nombreux élus régionaux. Au cœur des débats, la place réservée aux régions dans la future loi de finances. Pour 2026, les collectivités territoriales devraient supporter près de 23 % de l’effort budgétaire national, soit 7,4 milliards d’euros à l’échelle du pays, alors qu’elles ne concentrent qu’une part limitée de la dette publique. Pour la Région Occitanie, l’impact potentiel est estimé à plus de 140 millions d’euros, en raison notamment de la poursuite de la baisse de certaines dotations, de la diminution inégalitaire de la DCRTP1 ou encore du renforcement du dispositif de lissage des recettes fiscales.
Dans ce contexte contraint, la majorité régionale a insisté sur le rôle structurant des collectivités dans l’investissement public, qui représente près de 70 % de l’investissement civil en France. « Les régions ne peuvent pas être traitées comme une variable d’ajustement », a rappelé Carole Delga, défendant une ligne de responsabilité budgétaire et de dialogue avec l’État afin de préserver la capacité d’action des territoires et celle des acteurs économiques.
Malgré ces incertitudes, l’Occitanie entend maintenir un haut niveau d’investissement. La Région revendique sa première place nationale en matière d’investissement par habitant, avec 176 euros investis par an en moyenne depuis 2016, contre 152 euros pour les autres régions. Les priorités affichées portent sur les mobilités du quotidien, les lycées et la formation, la santé de proximité, la transition écologique et énergétique, l’agriculture et le développement économique, présentés comme des leviers essentiels pour préparer l’avenir et renforcer la résilience du territoire2.
En réponse à « la manipulation des chiffres et à l’amateurisme du RN »
Les débats ont également été marqués par une réponse argumentée de la présidente de Région aux critiques du Rassemblement national sur la gestion budgétaire. Carole Delga a dénoncé une lecture simpliste des finances régionales, rappelant la nécessité d’analyser les comptes à périmètre constant, en intégrant les nombreux transferts de compétences opérés par l’État ces dernières années.
« Il n’y a pas d’augmentation des dépenses de fonctionnement entre 2017 et 2024 : celles-ci ont même diminué de 0,1 %, passant de 2,156 Md€ à 2,153 Md€ » a fait valoir la présidente de région. Selon Carole Delga, la fusion des anciennes régions a par ailleurs permis de dégager plus de 150 millions d’euros d’économies de gestion. La masse salariale demeure contenue, représentant 18,2 % des dépenses de fonctionnement contre 19,3 % pour l’ensemble des Régions. Sur la question de l’endettement, l’exécutif régional met en avant une trajectoire jugée soutenable. La capacité de désendettement est estimée à environ 7 années, en deçà du seuil d’alerte fixé à 9 ans.
Au terme de cette assemblée plénière, les échanges ont mis en lumière une équation budgétaire de plus en plus complexe pour les régions : concilier rigueur financière, maintien de l’investissement public et réponses concrètes aux besoins des habitants, dans un cadre national encore marqué par de fortes incertitudes.
Photo. La présidente de région Carole Delga. Crédit Région Occitanie
Notes:
- Dotation de Compensation de la Réforme de la Taxe Professionnelle
- Un territoire résilient peut être défini comme un territoire en mouvement, capable d’anticiper des perturbations, brutales ou lentes, d’en atténuer les effets et d’évoluer vers un nouvel état plus équilibré, décidé et construit collectivement.







