Des migrants secourus lundi 13 octobre par les garde-côtes italiens en Méditerranée ont affirmé, selon un communiqué de ces derniers, avoir été victimes d’une « attaque armée » dans les eaux territoriales maltaises. La veille, une ONG a dénoncé des « tirs » de garde-côtes libyens dans la même zone.
Les garde-côtes italiens ont indiqué avoir intercepté tôt lundi un « bateau de pêche en provenance de Libye transportant 140 personnes, à environ 64 kilomètres des côtes siciliennes, dans la zone de recherche et de sauvetage sous responsabilité italienne ». Les personnes secourues, parmi lesquelles « trois blessés nécessitant des soins médicaux urgents », ont été débarquées dans le port de Pozzallo, dans le sud de la Sicile.
« Selon les premières déclarations des occupants, le bateau de pêche a été la cible d’une attaque armée à environ 160 kilomètres au sud-est de Malte, dans la zone de recherche et de sauvetage sous responsabilité maltaise », ajoute le communiqué des garde-côtes. « Des vérifications sont en cours (…) sur ce qui s’est réellement passé », poursuivent-ils.
Dimanche après-midi, l’ONG Alarmphone, qui recueille les appels téléphoniques des migrants en détresse en Méditerranée, avait déclaré sur X être « en contact avec un bateau se trouvant dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise » à bord duquel « des personnes signalent qu’elles sont actuellement la cible de tirs des soi-disant garde-côtes libyens ! »
Un peu plus tard, Alarmphone a fait état de deux personnes décédées, sans que cette information puisse être vérifiée, et de trois personnes blessées parmi les 113 personnes à bord de l’embarcation. Les forces armées maltaises ont refusé de confirmer ou d’infirmer cette attaque, selon le journal Times of Malta.
Troisième attaque présumée depuis cet été
Un porte-parole a toutefois déclaré qu’un bateau de pêche surveillé par les forces armées qui faisait route vers l’Italie avait été intercepté lundi matin près des côtes italiennes, sans présenter aucun signe de détresse.
Il s’agit de la troisième attaque présumée contre des bateaux de migrants ou ceux d’ONG leur portant secours – après des tirs ayant pris pour cible le navire Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée fin août et d’autres rapportés par le navire de l’ONG allemande Sea-Watch fin septembre.
Le gouvernement italien de Giorgia Meloni et l’UE financent et forment les garde-côtes libyens1 pour intercepter les migrants tentant la traversée vers l’Europe, une priorité du parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia.
Mais l’accord, signé en 2017, fait l’objet de critiques grandissantes après plusieurs enquêtes ayant montré que les centres de détention financés par l’UE en Libye étaient gérés par des trafiquants d’êtres humains.
Photo. Centre de détention de Garabuli en Libye. Photo Narciso Contreras
Avec Afp
Notes:
- Plutôt que de s’attaquer aux causes des migrations, l’Union européenne renforce son système sécuritaire quitte à bafouer le droit international. Les images diffusées sur CNN en 2017, montrant des personnes déplacées de force en Libye pour être vendues aux enchères sur des marchés aux esclaves, ont choqué le monde entier. « Les gouvernements européens n’ont pas seulement été pleinement conscients de ces abus ; en aidant activement les autorités libyennes à arrêter les traversées maritimes et à contenir la population libyenne, ils sont complices de ces abus », affirme John Dalhuisen, directeur d’Amnesty International