C’est ce que nous avons pu apprendre, lire, voir sur différents sites, réseaux, offres, plateformes israéliennes :Israël exploite une industrie de « tourisme génocidaire » près de Gaza parfois sur un air de Jazz…..S’offrir les bombardements en spectacle avec une boisson !


 

Certain.e.s se souviendront du film américain «  Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola où au son de la célèbre chevauchée des Walkyries de Richard Wagner, on suit un vol d’hélicoptères qui illustre la folie guerrière du lieutenant-colonel Kilgore pendant la guerre colonialiste menée par les États Unis au Vietnam. Alors on se questionne, on se demande, on se dit que ce n’est pas possible et pourtant si l’être humais est aussi monstrueux…Gaza nous ramène à l’histoire d’un présent absolu sous nos yeux dans le moment même, regarder le génocide devient un divertissement …C’est le sens du texte envoyé le 3 Juillet par Abu Amir notre correspondant à Gaza coordinateur de l’ Union Juive Française pour la Paix.

« Dans une scène qui suscite stupéfaction et indignation, la tragédie du peuple palestinien dans la bande de Gaza se transforme en un spectacle direct, observé depuis des plateformes érigées à cet effet du côté israélien de la frontière. Ces plateformes, installées sur des collines surplombant Gaza, sont devenues une destination fréquentée par de nombreux Israéliens – civils, étudiants, voire des visiteurs étrangers – venus assister aux bombardements et à la destruction de Gaza, comme s’il s’agissait d’un « spectacle en direct » consommé visuellement, sans égard pour les victimes ni pour la souffrance derrière les images. Alors que les Palestiniens vivent sous un déluge de frappes aériennes et de tirs d’artillerie, de l’autre côté de la frontière, des personnes observent la scène tout en sirotant leurs boissons, dans une indifférence choquante. Ces visiteurs ne viennent ni par empathie ni par souci des droits humains, mais par simple curiosité ou divertissement, soulevant ainsi de graves questions éthiques sur la conscience collective de la société israélienne à l’égard des Palestiniens.

Il ne s’agit pas d’un phénomène isolé, mais plutôt du reflet d’une normalisation sociale de la violence systémique contre un peuple sans défense. Plus inquiétant encore, ces pratiques sont parfois présentées comme faisant partie de « l’identité nationale », leur conférant ainsi une certaine légitimité. De nombreux rapports et témoignages médiatiques ont documenté l’existence de plateformes équipées de longues-vues payantes, de chaises réservées et même de boissons légères offertes aux visiteurs. Ces derniers s’y installent en silence ou dans le bruit, observant les avions israéliens bombarder Gaza, scrutant la montée des colonnes de fumée et les ruines, dans une scène qui évoque davantage un concert en plein air qu’une guerre tragique.

Certaines familles amènent leurs enfants sur place, leur expliquant comment « l’armée défend Israël », instaurant ainsi une normalisation précoce de la violence. Certains prennent des selfies ou filment des vidéos les montrant en train de vivre un moment « historique » en regardant des quartiers entiers de Gaza réduits en cendres. Des applaudissements ou même des manifestations de joie ont été signalés lors d’explosions spectaculaires, comme si les frappes étaient un feu d’artifice sans victimes.

Ces comportements traduisent non seulement une perte de conscience morale, mais témoignent aussi de l’enracinement d’une culture de supériorité nationale et d’indifférence à la souffrance palestinienne. À l’origine, certains de ces lieux servaient à surveiller la frontière ou à suivre l’activité militaire. Mais ces dernières années, ils se sont transformés en sortes de « lieux de loisirs » que des groupes visitent en minibus, dans le cadre de circuits organisés, souvent promus comme étant « éducatifs » ou « culturels », mais qui permettent en réalité aux visiteurs de voir la mort et la destruction à l’œil nu, sans aucun contexte humanitaire ou critique.

Certains de ces points d’observation sont désormais bien connus des habitants locaux, et des horaires de bombardements potentiels sont même échangés via des groupes WhatsApp ou des applications dédiées, afin que les gens puissent être présents au « bon moment ». Des jumelles sont vendues, des chaises en plastique proposées à bas prix – transformant ainsi la scène en un petit marché de la mort.

Le génocide-tourisme. Photo Dr

Cette instrumentalisation des plateformes d’observation à des fins de divertissement reflète une marchandisation atroce de la souffrance d’un peuple tout entier. Ce qui est encore plus alarmant, c’est l’absence totale de surveillance juridique ou de condamnation morale à l’intérieur même d’Israël, permettant à ce phénomène de se poursuivre en toute impunité.

Ce phénomène a suscité une vive indignation dans les milieux des droits de l’homme et humanitaires, car il constitue une violation flagrante des normes les plus élémentaires de la dignité humaine. Transformer la douleur et la destruction en un spectacle récréatif vide la tragédie de son sens et banalise la violence dans la conscience collective, au point de la rendre acceptable, voire « divertissante ». Des ONG internationales et des journalistes indépendants ont qualifié ce phénomène de forme de « sadisme contemporain », où le plaisir est justifié par la souffrance de l’autre. Sa persistance témoigne de l’absence de sensibilité chez une partie de la société israélienne face à ce qui se passe de l’autre côté du mur. Cette fracture morale rend difficile tout espoir de paix ou même de compréhension, tant que les tueries seront applaudies au lieu d’être condamnées.

Ce qui est particulièrement douloureux, c’est que certaines voix israéliennes ayant dénoncé ces pratiques ont été accusées de trahison ou d’antipatriotisme. Ce qui se passe sur ces plateformes ne se limite pas à une moquerie de la souffrance palestinienne, mais ancre une culture de normalisation de la violence, éduquant de nouvelles générations à percevoir la guerre comme un spectacle banal, voire agréable. Les enfants que leurs parents emmènent sur ces plateformes grandissent en considérant la mort comme une composante normale du quotidien, ce qui vide les valeurs humaines de toute signification. Le fait de promouvoir de telles visites comme étant « éducatives » ou « instructives » alimente encore davantage le discours de haine et légitime la violence comme un moyen de défense acceptable.

Cette normalisation ne se limite pas à l’intérieur d’Israël : elle résonne également à l’étranger, où Israël est parfois présenté comme un État « assiégé » qui ne fait que se défendre, sans qu’on dévoile ce visage sombre qui jouit de la mort des innocents. C’est une illustration frappante de la manière dont la violence peut devenir une culture quotidienne, ne nécessitant même plus de justification, mais simplement consommée comme un programme télévisé.

Les scènes observées depuis les plateformes de surveillance israéliennes à la frontière de Gaza ne sont pas seulement l’expression d’un détachement moral, mais le reflet profond d’une culture politique et militaire qui considère la mort palestinienne comme un simple moment de spectacle.

Tandis que des enfants gazaouis tombent sous les bombes, d’autres applaudissent de l’autre côté de la frontière. Ce tableau en dit long sur la perte d’humanité, sur le besoin urgent de justice, de conscience, et d’un véritable soutien aux victimes, au lieu de se réjouir sur leurs ruines.

Aucun discours politique ne peut justifier la transformation de la mort en spectacle. Un monde qui tolère de telles scènes sans protester contribue, implicitement, à légitimer le génocide. Ce dont Gaza a besoin, ce n’est pas seulement l’arrêt des bombardements, mais aussi la fin de cette mascarade morale qui fait de la douleur un divertissement collectif. C’est un appel à la conscience mondiale, à tous ceux en qui subsiste un peu d’humanité. »

Récemment dans tous les moments d’échanges publics sur ce qui se passe et se joue en Palestine, l’éradication d’un peuple, inévitablement quelqu’un.e pose la question : «  Mais quand même en Israël ils et elles ne sont pas toutes et tous fascistes, il y a bien une résistance dans ce pays » ? Force est de constater que notre réponse affirme qu’actuellement la société israélienne est malade, malade de son histoire, de sa colonisation psychique pratiquée auprès des citoyen.ne.s dès leur enfance, malade de ce fléau qu’est le sionisme destructeur et suprémaciste. Et il est impérieux de dire merci à celles et ceux qui continuent à écrire sous génocide !

Brigitte Challande

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Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.