C’est une histoire à épisodes, un feuilleton, mais vécu réellement depuis quelques années. Celle des compteurs linky, compteurs « intelligents » pour l’électricité, qui précèdent l’arrivée d’autres comme Gaspar pour le gaz, ou d’autres encore pour l’eau. Des compteurs qui permettraient de contrôler à distance la consommation, qui émettent des ondes pourrissant la vie des personnes électrosensibles, et qui collectent des données privées. Des cas d’incendies suspects de ces compteurs ont aussi été relevés, autant de raison pour des abonnés de refuser leur installation. À Vedène, dans le Vaucluse, c’est toute l’entrée d’un immeuble HLM qui a décidé de résister.


 

Le compteur Linky, dit « intelligent » par ses thuriféraires, est en cours de pose dans de nombreux foyers du pays. Mais alertés notamment par la mauvaise expérience des canadiens – incendies mettant en cause les compteurs, collecte de données non consentie… – un nombre croissant d’usagers français ont souhaité défendre leurs droits en opposant des motifs légitimes à l’installation des compteurs linky.

En France, c’est la société Enedis, ex ErDF, qui est en charge de la pose de 35 millions de compteurs et envoie aujourd’hui de nombreux sous traitants locaux pour procéder à la pose des nouveaux compteurs. Il semble que l’approbation des abonnés soit exigée, puisque Enedis a fait parvenir un courrier aux usagers concernés, les prévenant éventuellement de l’imminence de la pose. Mais la société distributrice d’électricité ne s’encombre pas de l’avis des usagers. Ils sont nombreux ceux qui, malgré qu’ils aient manifesté leur opposition, ont eu la surprise de voir leur compteur changé après une absence.

Il est facile de résister à ladite pose quand le compteur est à l’intérieur de votre domicile, mais dans les parties communes d’un immeuble ou à l’extérieur, il faut faire preuve d’imagination, d’organisation, et agir en groupe. C’est ce qu’ont compris les habitants de cet immeuble de Vedène, entraînés par l’une d’entre eux, informée au préalable, et qui a obtenu de ses voisins qu’ils s’opposent eux aussi à la venue d’un installateur.

Mais le jour de sa venue est finalement arrivé, au lendemain des fêtes de Noël . Entré par ruse (« je viens relever les compteurs »), l’installateur décide de commencer au troisième et dernier étage de l’immeuble, celui de la militante. Peu discret, il est interpellé par le compagnon de la dame :

      • Vous faites quoi là ?
      • j’installe le nouveau compteur.
      • Linky ? Mais nous sommes contre la pose de ce compteur, comme vous avez pu le lire sur le panneau en bas.
      • Peu importe, je suis venu les poser, vous n’avez pas votre mot à dire, vous n’êtes pas propriétaire…

La suite de ce dialogue dérive rapidement, l’installateur parlant d’installer le matériel « de force », face à l’opposition des locataires qui, un à un sortent dans la cage d’’escalier. La dame militante sort à son tour, et rappelle à l’installateur que le refus d’installation du compteur Linky est permis par la loi, et que dans le cas d’une opposition, sa pose forcée est une infraction. Il faudra encore la venue d’un voisin diplomate mais ferme qui amènera l’installateur à appeler sa hiérarchie, qui recule une première fois. Victoire.

C’est seulement quelques jours plus tard que, recevant un coup de fil de la voisine du dessous, le voisin du troisième sera prévenu du retour – du même – installateur, bien décidé à poser le compteur des locataires absents. Malgré les explications de la voisine qui lui rappelle que l’ensemble des voisins sont opposés à la pose du compteur Linky, l’installateur insiste, et au rappel de la loi qui fait de l’installation de force une infraction pénale, vrille et menace le voisin qui le lui rappelle.

Il faudra tout la fermeté et la diplomatie du voisin du rez de chaussée pour qu’il rappelle de nouveau sa hiérarchie, lui intimant de ne pas forcer l’installation mais proposant au voisin une rencontre avec les habitants de l’entrée. Deuxième victoire.

Ces voisins solidaires se sont depuis entretenus de ces deux tentatives et ont confirmé qu’ils refusaient tous l’installation. Les agents d’Enedis sont attendus, leurs arguments seront entendus, mais les voisins sont aussi décidés à faire entendre les leurs et faire respecter leur refus.

« Non seulement ce compteur collecte des données mais il augmente considérablement les factures de ceux qui ont des appareils électroniques en veille. Nous n’en voulons pas et nous résisterons. »

La veille, un des nombreux collectifs « stop Linky » du département avait organisé une réunion publique à Vedène où les informations confirmant que les abonnés pouvaient s’opposer à l’installation du Linky, ainsi que les informations légales, avaient été données aux participants à la réunion. C’est armés d’une détermination intacte et de nouveaux arguments solides que les voisins se préparent à un nouvel assaut.

Christophe Coffinier

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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.