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DU BRUIT et de fureur Le Crès à l’agora.

11 avril 2019 @ 20:00

Photo Fred Fouché

 

Note d’intention

J’ai commencé à écouter du rap et NTM adolescente. À l’époque, j’aime surtout l’empowerment de
cette musique, et la promesse que les paroles contiennent : Le monde de demain quoiqu’il advienne
nous appartient ! Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Pour ne plus suivre les règles du jeu ?
L’an dernier le groupe s’est reformé pour une série de concert. J’ai alors eu envie de réécouter NTM,
prise par une nostalgie. Celle d’une période où je pensais que je changerais le monde, que nous
y parviendrions. En militant, en écrivant des spectacles, en allant à des concerts, en discutant.

En écoutant NTM, je me suis rendue compte, avec joie, que les BPM (Battements Par Minutes) produisait
sur mon corps et mon esprit un désir rare de vie, et je me suis rendue compte aussi, avec effroi
cette fois, que les textes des chansons n’avaient pas pris une rides. Avec effroi, oui. Parce que si
NTM en son temps attire l’attention sur le mépris social à l’égard des banlieues, l’étouffement de la
jeunesse de banlieue, la violence faites au corps, et le racisme, la situation non seulement n’a fait
qu’empirer, et les violences et les propos racistes se sont eux, banalisés.
C’est comme ça qu’est né le projet DU BRUIT (ET DE FUREUR).

J’ai alors décidé d’adapter le texte de Joy Sorman : Du Bruit. Adaptation à laquelle j’ai donné le nom
DU BRUIT (ET DE FUREUR). Parce qu’il y avait « urgence », comme dirait Joey Starr ! Et de raconter
non pas simplement l’histoire de ce groupe hors pair qu’est NTM, mais l’influence qu’il a exercé sur
la jeunesse et la société des années 90. Leur capacité d’empowerment de cette jeunesse : « Faites
du bruit » hurle Joey Starr. « Faites le pour vous. »

 

Qu’est-ce que l’art aujourd’hui ?

Aujourd’hui, on parle de « rap conscient », ou de « théâtre politique ».
Le sens premier du geste artistique s’est tellement dilué dans notre société de consommation, que
nous avons eu besoin de ces qualificatifs. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? N’est-on plus en mesure
d’assumer notre fonction même d’artiste, nos gestes, nos cris, la création d’espaces d’émancipation
collective ? Que fait-on alors ? Qu’est-ce que l’art aujourd’hui ?

On nous demande de créer des spectacles « tournables », cqfd : « vendable, pas trop compliqué,
mais quand même un peu intello, pas trop long ». Là par exemple, c’est trop long, je le sais, c’est trop
long. On va me dire que c’est trop long. On va me dire « Hélène c’est trop long ta note d’intention. Les
gens ne comprennent pas. Les gens ne peuvent pas comprendre. » On va me dire ça. On va me dire
que ce n’est pas pour vous. Que vous n’allez rien y comprendre. Et que ce n’est pas ce que vous êtes
venus chercher. On veut que vous veniez, que vous aimiez, et que vous rentriez chez vous. Et voilà.
Il ne s’est rien passé… Je veux dire au fond, tout le monde s’en balance qu’on se rencontre. On crée
des mondes. Des mondes bien séparés. Des fractures. Les artistes d’un côté, le public de l’autre.

 

De quelle violence parle t-on ?

Alors que moi, ce dont j’ai envie, c’est de vous rencontrer et d’échanger des connaissances, des
histoires, des émotions. C’est pas très littéraire ce que je dis là. On va me dire aussi c’est pas très
littéraire. Demandes à quelqu’un d’écrire un texte. Parce qu’on part du principe aussi que certains
savent écrire et d’autres pas. Que certains ont le droit d’écrire, parce qu’ils ont fait des études, ou
qu’ils viennent de famille où l’on sait écrire, et d’autres pas. Et aussi du coup, que certains peuvent
prendre la parole, être entendus, et d’autres non. Et on juge les gens. Et on les méprise. Parce
qu’ils font des fautes d’orthographe par exemple. Et on les humilie constamment. Et quand des gens
cassent une vitrine, ou se battent dans un hall d’aéroport, on hurle que c’est violent, qu’ils feraient
mieux d’apprendre à lire et à écrire. Mais de quelle violence parle t-on ?

La société française est blanche, dominante, bourgeoise, et colonialiste. Aucune altérité. Aucune
rencontre. Nous devons, nous artistes, et vous spectateurs, créer ensemble des espaces qui nous permettent
de nous rencontrer.

Parce que si le projet même du théâtre redevient la rencontre, alors peut-être nous pourrons repenser
ensemble le monde dans lequel on vit… Le monde de demain quoiqu’il advienne nous appartient…
Didier Morville (Joey Starr) et Bruno Lopez (Kool Shen) ont quelque chose à m’apprendre que je ne
sais pas. Je vais me déplacer. Essayer de comprendre une langue : le rap, un mouvement : le hip
hop. Apprendre à parler leur langue. Sans jugement. Et voir ce que cela révèle. C’est cette aventure
là, cette rencontre que nous allons faire ensemble.

Hélène Soulié

Un spectacle conçu et mis en scène par Hélène Soulié
d’après Du Bruit de Joy Sorman
Avec Claire Engel

Détails

Date :
11 avril 2019
Heure :
20:00
Catégorie d’Évènement:
Évènement Tags:
Site :
http://www.kiasma-agora.com/index.php/_minisite2_/display/Programmation?idpage=187&afficheMenuContextuel=true

Organisateur

Les2bureaux j.regnier@lagds.fr / 06 67 76 07 25

Lieu

L’agora
Le Crès, France + Google Map