SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial saisissent le tribunal administratif de Paris jeudi 2 mars pour faire respecter la loi de 2001 qui prévoit trois séances annuelles d’éducation à la sexualité pour les élèves, de l’école au lycée.


 

Elles ne demandent qu’une chose : le respect de la loi. Les associations SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial ont annoncé attaquer l’État devant la justice administrative pour le contraindre à organiser chaque année au moins trois séances d’éducation à la sexualité à l’école.

Ces trois associations haussent le ton ; elles ont annoncé attaquer l’État devant la justice administrative pour « faire reconnaître la responsabilité de l’État dans le défaut de mise en œuvre » de la loi de 2001. D’après le Code de l’éducation 1, les élèves des écoles, collèges et lycées doivent bénéficier d’au moins trois séances annuelles, y compris une sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Dans les faits, seuls 15 % des écoliers et des lycéens et moins de 20 % des collégiens en bénéficient, selon un récent rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche.

L’objectif « n’est à l’évidence pas réalisé », avait déjà relevé en 2021 un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation. Or, la non-application de la loi n’est pas sans conséquence, insistent les associations, qui mettent en avant l’augmentation de 33 % des violences sexuelles entre 2020 et 2021.

Les dernières enquêtes — du Haut conseil à l’égalité notamment — ont poussé ces organisations à « être plus offensives ». Elles révèlent qu’une femme sur cinq de 18 à 24 ans déclare avoir déjà subi un viol ou une agression sexuelle.2 Aujourd’hui, la moitié des jeunes LGBT affirment être victimes de discriminations à l’école. Un jeune sur trois se dit mal informé sur le sida. « Depuis des années, on constate une dégradation des connaissances des jeunes sur le VIH », confirme Florence Thune, directrice générale de Sidaction.

En septembre, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, avait ordonné dans une circulaire le « renforcement » de l’éducation à la sexualité, demandant qu’elle devienne « effective dès cette année scolaire ». « Nous devons respecter la loi », avait martelé le ministre. Les trois associations reconnaissent cet engagement mais jugent le texte « insuffisant ».

Actuellement, le Planning familial, SOS homophobie et Sidaction interviennent en soutien aux enseignants dans de nombreux établissements scolaires. Le Planning familial estime ainsi sensibiliser 130 000 jeunes chaque année dans plus de 2 000 écoles, collèges ou lycées. Mais une demande d’intervention sur deux ne peut aboutir, faute de moyens humains et de financements publics.

« Il y a urgence », confirme au journal le Monde Sarah Durocher, présidente du Planning familial, alors que la loi a été promulguée il y a vingt-deux ans, puis régulièrement enrichie pour promouvoir une approche globale de l’éducation à la sexualité, à la fois biologique, psychoaffective et sociale. L’éducation à la sexualité a fait ses preuves. Elle donne « des compétences psychosociales essentielles pour développer l’autonomie, la confiance en soi, l’empathie des élèves et des relations saines et équilibrées avec autrui », jugent le Planning familial, Sidaction et SOS homophobie.

 


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Visuel : « Les garçons viennent dans les choux, les filles dans les roses » carte postale, France, 1923.


 

Notes:

  1. https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032400741#:~:text=Une%20information%20et%20une%20%C3%A9ducation,les%20femmes%20et%20les%20hommes.
  2. https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/23/sexisme-le-vecu-terrible-des-femmes-decrypte-par-le-haut-conseil-a-l-egalite_6158928_3224.html